Mémoire d'encres - Documents signés d'Alfred de VIGNY (1797-1863), romancier, dramaturge et poète
Dramaturge, romancier et poète romantique, Alfred de Vigny est né en 1797 à Loches et meurt en 1863 à Paris. Son œuvre est empreinte d’un pessimisme fondamental, d’une vision désenchantée de la société humaine porteuse d’une dimension symbolique et philosophique. Parmi ses œuvres majeures figurent son roman Stello, ses recueils Poèmes antiques et modernes et Destinées ainsi que sa pièce Chatterton.
Issu de la vieille noblesse militaire, Alfred de Vigny se porte d’abord vers la carrière militaire, où s’étaient illustrés son père et ses aïeux. En 1823, il part pour la guerre d’Espagne mais reste quinze ans dans l’armée sans combattre. Déçu de cette expérience, il finit par démissionner et écrit les nouvelles composant Servitude et grandeur militaire (1835). Les vertus militaires d’abnégation et d’honneur seront une constante dans sa poésie.
À partir de 1820, il fréquente les milieux littéraires parisiens, notamment Charles Nodier et le cénacle de Victor Hugo, et publie son premier recueil Poèmes antiques et modernes (1822), puis une édition augmentée (1826).
Vigny se tourne ensuite vers le roman et le théâtre avec son roman Cinq-Mars ou Une conjuration sous Louis XIII (1826), inspiré du complot du jeune marquis d’Effiat contre Richelieu. Dans l’introduction, il présente une théorie du roman historique.
En 1829, il donne au Théâtre-Français une traduction intégrale en vers de l’Othello de Shakespeare ; en 1831, sa pièce La Maréchale d’Ancre est jouée à l’Odéon. Ce drame romantique est inspiré de la vie de Leonora Dori, dite « la Galigaï », sœur de lait de Marie de Médicis, qui meurt brûlée pour sorcellerie.
En 1832, Alfred de Vigny publie son roman Stello ou les Diables bleus, l’histoire tragique de trois poètes, illustrant l’antagonisme entre création poétique et existence collective. Le roman se décompose en trois récits distincts : Histoire d’une puce enragée (Nicolas Gilbert), Histoire de Kitty Bell (Chatterton) et Une histoire de la Terreur (André Chénier).
En 1835, il obtient un succès retentissant avec sa pièce Chatterton, adaptation de son roman Stello. Les années qui suivent sont marquées par une série d’épreuves : mort de sa mère, maladie de son épouse, rupture avec sa maîtresse, la comédienne Marie Dorval rencontrée en 1832, échec électoral aux élections de 1848, qui le conduisent à s’isoler dans sa tour du Maine-Giraud (Charente). Après plusieurs tentatives, il est élu à l’Académie française (1845).
Le recueil Les Destinées, sous-titré Poèmes philosophiques est publié à titre posthume (1864). Il comprend onze poèmes, dont La Colère de Samson, La Mort du loup, Le Mont des Oliviers, La Bouteille à la mer et L’Esprit pur, tous écrits entre 1839 et 1863.