Emmanuel de GROUCHY – Et la mauvaise étoile qui le poursuit (1827)
Lettre autographe signée adressée à son cousin, Louis-Léon Langlois, baron de Septenville (1754-1844) – Bayeux, le 17 novembre 1827 – 3 pp. in-8, adresse au verso.
« J’étais tranquillement à chasser le cerf, dans la forêt d’Aulnay quand votre lettre m’est parvenue et ne prévoyais nullement, la dissolution de la chambre. Cette ignorance est la cause de ce qui m’arrive et prouve jusqu’à quel point ma mauvaise étoile me poursuit. »
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Emmanuel de GROUCHY (1766 – 1847) – Général de la Révolution et maréchal d’Empire
Lettre autographe signée adressée à son cousin, Louis-Léon Langlois, baron de Septenville (1754-1844) – Bayeux, le 17 novembre 1827 – 3 pp. in-8, adresse au verso.
Savoureuse missive évoquant la mauvaise étoile qui le poursuit
« J’ai reçu votre lettre du 7 Novembre, Mon Cher Septenville et elle m’est une nouvelle preuve de votre attachement, qui ne se dément, en aucune occasion et que vous m’avez prouvé de toutes les manières et à toutes les époques.
Suivant votre conseil, je suis venu voter au Collège d’Arrondissement et irai au grand Collège à Caen le 24 du courant ; je m’étais abstenu, depuis mon retour des États-Unis d’assister à des Assemblées électorales, des motifs de délicatesse et des demies promesses de déménagement de toute ce que j’ai perdu depuis 1814, m’en empêchaient. Ma manière d’agir a été peu appréciée, puisque voilà une énorme journée de pairs dont je ne fais pas partie et dans laquelle j’avais quelque espoir de voir figurer mon nom. Il est donc bien positif que je n’obtiendrai rien, ni activité militaire, ni fonctions administratives, ou diplomatiques, enfin que le gouvernement ne me trouve bon qu’à planter mes choux. Si j’eusse prévu pareille issue à ma conduite, il y a longtemps que je serais député. Je l’ai refusé en 1824, et malheureusement aujourd’hui je passe pour ministériel aux yeux de ceux qui me donneraient leur vote. Je ne saurais donc réussir, et n’y compte nullement, car les ministres ne sont pas gens à me proposer pour leur candidat. Que n’ai-je reçu votre lettre plus tôt, mon cher Septenville ! Si j’eusse fait la moindre démarche près des électeurs, il y a quinze jours, j’aurais été élu ici, à une majorité de 80 ou 100 voix. Aussi ils savent maintenant que je le désire (d’être député) et s’il arrive une vacance, j’aurai alors beaucoup de chances pour moi.
J’étais tranquillement à chasser le cerf, dans la forêt d’Aulnay quand votre lettre m’est parvenue et ne prévoyais nullement, la dissolution de la chambre. Cette ignorance est la cause de ce qui m’arrive et prouve jusqu’à quel point ma mauvaise étoile me poursuit. Il n’en est pas de même à la chasse, car j’ai forcé cinq cerfs, en un mois et ai tué bien du gibier. Combien j’aimerais vous voir partager mes amusements de ce genre. Mais la malheureuse distance à laquelle nous vivons, ne le permet guère.
Je dois au surplus repartir le 20 décembre, pour Paris et j’espère que nous nous y verrons souvent [avec] ma femme qui sait [tous les bons] sentiments que je vous porte, […] »
Après son exil forcé de 1815, le maréchal Grouchy, rétabli dans ses titres, grades et honneurs, est de retour cinq ans plus tard et sera de surcroît nommé pair de France. Il exprime ici ses regrets de n’avoir su accepter le poste de député qui s’offrait à lui en 1824 et la « mauvaise étoile » persistante qui fait coïncider une de ses parties de chasse avec une dissolution de la Chambre ! (celle du 17 novembre, date de notre lettre, IVème législature de Charles X).
Déchirure au cachet nous privant de trois mots aisément identifiables, voir photos.