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Francis POULENC – Très belle lettre au chef d’orchestre Charles Munch

Lettre autographe signée adressée à Charles Munch – [Paris], 5 rue Médicis, 7 avril [1943] – 2 pp. grand in-4 (20,8 x 27 cm, à l’encre bleue.

 

« Merci d’aimer ma musique. Vous êtes le seul chef qui me le prouvez d’une façon qui m’empêche de douter de moi. »

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Francis POULENC (1899 – 1963) – Compositeur

Lettre autographe signée adressée à Charles Munch – [Paris], 5 rue Médicis, 7 avril [1943] – 2 pp. grand in-4 (20,8 x 27 cm, à l’encre bleue.

Belle lettre musicale du compositeur au chef d’orchestre

« Cher Munch,

Combien j’ai regretté, moi qui vous voit si rarement, de ne pouvoir échanger que quelques mots avec vous dans l’atmosphère spécieuse de l’autre jour. Je sais (et je suis pour cela comme vous) que seuls vous guident dans votre carrière le cœur, l’instinct et l’amour de la musique – merde ensuite pour les mots. Peu importe qu’une œuvre soit sèche, pointue, ronde, comique ou mouillée si elle est belle.

Mais trêve de digressions à mon tour. Je vous envoie ces quelques lignes pour vous dire qu’en mon absence (je pars en Touraine pour 3 semaines), vous recevrez

I°- la partition d’orchestre de mon Concerto pour 2 pianos

II°- la partition des Biches

J’espère que ce dernier enfant, qui n’attend plus que sa couverture pour bondir jusqu’à vous, vous plaira.

Il y a dedans beaucoup d’imperfections mais je suis sur que vous y suppléerez au profit des qualités qui j’estime s’y cachent et bondissent tour à tour avec impertinence.
Vous êtes déjà si gentil de me consacrer une demi séance que je n’ose vous reformuler mon vœu d’être patronné soit par Schumann soit par Schubert.

Dans votre intérêt il ne faut pas oublier que ma musique hélas, n’intéresse pas tout le monde. Pour le 21 mai placez les Villageoises comme vous voudrez. J’espère ce printemps dîner un soir avec vous et Yvonne [Yvonne Gourverné]. Nous parlerons de ce que nous aimons sans parti-pris.

Merci d’aimer ma musique. Vous êtes le seul chef qui me le prouvez d’une façon qui m’empêche de douter de moi. Pour cela permettez-moi de vous embrasser. »

Francis Poulenc évoque la programmation des Concerts de la Pléiade crées en 1942 pendant l’Occupation, donnés au bénéfice des écrivains et musiciens prisonniers, sous l’égide de la N.R.F. Le Concerto pour deux pianos sera joué le 28 mai 1943 au Théâtre national du palais de Chaillot, sous la direction de Charles Munch, avec pour pianistes Francis Poulenc et Jacques Février. Début juin, l’œuvre est de nouveau reprise dans le cadre des concerts de printemps organisés par la Société des concerts, ainsi qu’une suite tirée du ballet Les Biches ; la Symphonie n°1 de Robert Schumann sera bien jouée en ouverture avec l’Obéron de Car Maria von Weber, lors du premier concert.

Les Chansons villageoises, données en concert privé le 8 février 1943, seront reprises lors des concerts publics des 21 et 28 juin,; sa Sonate pour violon et piano sera également jouée à cette occasion.

La série des Concerts de la Pléiade se terminera symboliquement le 22 mais 1947 par une œuvre de Francis Poulenc, la Cantate pour double chœur mixte a cappella, qui met en musique huit poèmes de Paul Éluard extraits de Poésie et Vérité, parmi lesquels le célèbre « Liberté », qui sera le seul à conserver son titre original.

 

Bon état, voir photos.