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George SAND vient au secours de ses amis après les révoltes de juin 1848

Lettre autographe signée adressée à « Cher ami » [probablement le baron Charles Rodier, ami de famille] – Nohant, 9 juillet 1848 – 2 pp. sur un double feuillet in-8, à son monogramme gaufré ; notes biographiques d’une autre main au verso du second feuillet.

 

« Vous savez bien ce que je pense, et je sais ce que vous pensez. »

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George SAND (1804 – 1876) – Romancière

Lettre autographe signée adressée à « Cher ami » [probablement le baron Charles Rodier, ami de la famille] – Nohant, 9 juillet 1848 – 2 pp. sur un double feuillet in-8, à son monogramme gaufré ; notes biographiques d’une autre main au verso du second feuillet.

Aux lendemains des journées de Juin, George Sand cherche un soutien pour ses proches

« Je vous envoie tristement et tendrement une poignée de mains, sans réflexion. Vous savez bien ce que je pense, et je sais ce que vous pensez. Je ne veux pas vous voler un instant, et je suis si malade de corps et d’esprit que j’en dirais trop si je me mettais à me plaindre.
Je vous demande un petit service, c’est au cas où vous auriez de bonnes relations avec Monsieur Goudchaux, d’appuyer la demande que je vous ai faite adresser par plusieurs personnes, de la perception de Ribérac pour Charles Bertholdi
[émigré polonais et professeur de dessin au collège de Tulle, il venait d’épouser Augustine Brault, cousine et fille adoptive de George Sand], mari de ma fille adoptive, cette place était promise par Monsieur Duclerc et portait la distribution du titulaire actuel dont le préfet de la Dordogne demandait à être débarrassé comme d’un mauvais coup. Bertholdi remplissant toutes les conditions voulues, c’était une position bien modeste. Voyez, si vous y pouvez quelque chose, qu’elle ne vous échappe pas. Voyez aussi, si vous le pouvez, qu’on ne nous ôte pas notre digne préfet de l’Indre., Marc Dufraisse, nous y tenons beaucoup et il ne serait révoqué que par suite d’ignobles calomnies réactionnaires.

Bonjour ami. Si vous en avez le temps, un mot. À vous de cœur. »

Après la révolution de Février et l’abdication de Louis-Philippe, la Deuxième République avait été proclamée par Alphonse de Lamartine. Cependant la crise économique et le mécontentement persistant, dès le mois de juin, une révolte d’ouvriers parisiens est réprimée dans le sang et cause plus de 5.000 morts. George Sand s’était engagée en politique et avait pris part à la défense du gouvernement provisoire. Son engagement se terminera avec les journées sanglantes de juin ; dès l’été elle se repliera à Nohant et ne se manifestera plus que pour critiquer Louis Napoléon Bonaparte ou pour faire paraître quelques articles de presse.

Le baron Rodier, probable destinataire de la lettre, est alors directeur général de la Comptabilité Générale au ministère des Finances. Dans une lettre du 14 juillet à Marc Dufraisse, George Sand évoque la teneur de sa réponse : « Je voudrais savoir définitivement si nous pouvons compter sur la perception de Nérac. Monsieur Rodier directeur de la comptabilité générale m’écrit qu’il ne s’est pas aperçu que les changements survenus dans le ministère aient influé défavorablement sur les chances que ce candidat pouvait avoir […] ».

L’issue de sa démarche n’aboutit qu’à demi, puisque si Charles Bertholdi obtient finalement le poste convoité, en septembre 1848, Marc Dufraisse sera, en revanche, révoqué sans poste de remplacement, peu de jours après, soit le 15 juillet 1848. Exilé à la suite du coup d’État de décembre 1851, l’intervention de George Sand, entre autres, lui évitera la déportation à Cayenne.

 

Bon état, voir photos.