[Gustave FLAUBERT]. Marie d’AGOULT – Belle L.A.S. évoquant le procès de “Madame Bovary”
Lettre autographe signée adressée à Adolphe Guéroult – S.l., 26 janvier 1857 – 2 pp. ½ in-8.
« Bien avant le roman de Monsieur Flaubert, je regrettais de voir l’organe d’une grande idée et d’un parti politique de valeur servir d’expression à quelques petits intérêts littéraires d’un petit cercle tout parisien, sans relation avec le mouvement véritable de la démocratie française et européenne »
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Marie d’AGOULT (1805 – 1876) – Femme de lettres
Lettre autographe signée adressée à Adolphe Guéroult – S.l., 26 janvier 1857 – 2 pp. ½ in-8.
Belle lettre faisant référence au “mouvement véritable de la démocratie” et au procès de Madame Bovary
« J’ai regretté, Monsieur, à la pensée de tous vos ennuis, de n’avoir pas mis un peu plus d’obstination à causer sérieusement avec vous de la revue dans un temps où je voyageais déjà, mais où il était facile encore d’éviter les sentiers perdus. J’étais parfois effrayée de vous voir traiter comme chose si facile ce qui à mes yeux demandait une attention, une tâche, une initiation et une activité de tous les instants. Bien avant le roman de Monsieur Flaubert, je regrettais de voir l’organe d’une grande idée et d’un parti politique de valeur servir d’expression à quelques petits intérêts littéraires d’un petit cercle tout parisien, sans relation avec le mouvement véritable de la démocratie française et européenne. Je me serais permis de vous dire pourquoi vos amis n’étaient pas contents et en quoi leur attente était quelque peu trompée. Aujourd’hui, par votre faute à tous il est trop tard ; mais il ne sera jamais trop tard du moins pour vous dire et vous répéter que mon estime et mon amitié pour vous ne souffrent de tout ceci nulle atteinte »
Le journaliste Adolphe Guéroult (1810-1872) dirige alors La Presse qu’Émile de Girardin avait fondée sous la monarchie de Juillet ; il obtiendra en 1859 l’autorisation de fonder un nouveau journal politique, L’Opinion nationale qui sera un des principaux organes de diffusion des idéaux démocratiques sous le Second Empire.
Le 29 janvier, soit quelques jours plus tard, s’ouvrait devant la 6e chambre correctionnelle le procès mettant en cause Gustave Flaubert, Léon Laurent-Pichat, gérant de La Revue de Paris et Pillet, son imprimeur, pour la parution de Madame Bovary, accusés d’« outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs ».
Bon état général, voir photos.