Jules ROMAINS – Lettre virulente au sujet de Jean Royère (1908)

Jules ROMAINS (1885 – 1972) – Écrivain, dramaturge et poète

Lettre autographe signée adressée à Henri Bachelin – [Paris, 1908] – 2 pp. ½ in-12.

Lettre courroucée où l’on apprend que Jean Royère est « une sournoise crapule »

« Royère, sournoise crapule, n’a accepté votre article sur moi que pour l’empêcher de paraître ailleurs. Il doit vouloir l’enterrer dans ses tiroirs et se dit que je ne rouspèterai pas. D’abord je tiens à ces pages que vous, Bachelin, vous avez bien voulu écrire sur moi. Puis, je mets un point d’honneur, cette fois, à ne pas me laisser rouler par ce con, qui m’a déjà joué deux ou trois tours d’une hypocrisie parfaite. Je vous demande donc comme un service de lui écrire pour vous informer du sort de votre article. Ce jésuite chauve sera très emmerdé car il n’a aucun courage, et n’agit que par de savantes abstentions.
Je le sais, c’est un service fort ennuyeux que je vous demande mais vraiment je trouverais immoral de laisser le dernier mot à ce pion envieux. Votre vieux […] »

Deux ans plus tôt, Jean Royère (1871-1956) fonde la revue La Phalange à laquelle collaborent André Gide, Guillaume Apollinaire, Jules Romains et André Breton, entre autres. Elle cesse de paraître en 1914 pour connaître un nouvel essor en 1935 et s’éteindre définitivement en 1939. Dans sa première version, Apollinaire y tient la rubrique consacrée aux romans, Larbaud celle des lettres anglaises et Klingsor celle des arts.

En 1909, un groupe d’auteurs s’en détache, dont Apollinaire, Larbaud, Claudel et Romains, pour rejoindre la N.R.F. que Royère qualifiera de « revue de cons » dans sa correspondance avec Valery Larbaud – échange d’amabilités…

Auteur de plusieurs romans et nouvelles, Henri Bachelin (1879-1941) fit paraître également des critiques et études littéraires, sur Jules Renard et Gustave Flaubert notamment.

Infime déchirure en marge haute du second feuillet, sans atteinte au texte, voir photos.