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Julien GRACQ – Belle lettre citant Chateaubriand et Flaubert (1993)

Lettre autographe signée adressée à Ariel Denis, à Paris – St Florent, 14 juillet [1993] – 2 p. in-12 (15 x 10,5 cm), enveloppe conservée.

 

« La météorologie ne respecte plus rien, et la seule distraction est de voir dévoiler jour après jour, dans la presse, les arcanes financières du football français et marseillais, joyau de la nation…»

 

 

Vendu

Julien GRACQ (1910 – 2007) – Écrivain

Lettre autographe signée adressée à Ariel Denis, à Paris – St Florent, 14 juillet [1993] – 2 p. in-12 (15 x 10,5 cm), enveloppe conservée.

Belle lettre au ton léger évoquant des « tas de lectures sérieuses » : Goethe, Chateaubriand, Mérimée et Flaubert

« Vous avez bien raison d’aller vous mettre au soleil à Mégara (“faubourg de Carthage”). Ici il pleut sur notre armée nationale et sur les casoars des Saint-Cyriens, comme sur les casques bleus du général Maillet. La météorologie ne respecte plus rien, et la seule distraction est de voir dévoiler jour après jour, dans la presse, les arcanes financières du football français et marseillais, joyau de la nation…

N’oubliez pas de me rappeler à quelle époque vous rejoignez votre pension vénitienne (je crois que c’est vers le 10 août). Ici il y a eu un festival de pointe : la musique occidentale classique interprétée par les solistes d’Extrême Orient était le thème. Il y avait effectivement de fort belles voix japonaises, chinoises et coréennes : c’était amusant de voir la créatrice de Carmen à Pékin interpréter le rôle devant l’autel de St Florent (j’ai des amants à la douzaine – Mais il ne sont pas de mon gré…). Sans castagnettes cependant. Et c’est à cause de vous que je suis allé à une soirée de lieder (Schubert, Schumann, Brahms, Wolf, Strauss) interprétés par une très bonne cantatrice japonaise.

J’ai abattu ces dernières semaines des tas de lectures sérieuses : l’intégralité du théâtre de Goethe, après l’Essai sur les révolutions de Chateaubriand – tout Mérimée (le Théâtre de Clara Gazul est par moments très curieux, surtout Les Espagnoles au Danemark. Parfois cela ressemble à du Ghelderode. Je reprends maintenant la Correspondance de Flaubert. L’ennui n’est donc pas à craindre, malgré cet été blême. Je réussis même, paraît-il, à être bronzé ! Bien amicalement. »

Après avoir vécu longtemps dans son appartement de la rue de Grenelle à Paris, Julien Gracq se retire dans la maison familiale de la rue du Grenier-à-sel à Saint-Florent-Le-Vieil.

Agrégé de Lettres à 23 ans, Ariel Denis (né en 1945) publie son premier roman en 1970. Il sera pensionnaire de la Villa Médicis et enseignera la culture générale à l’école des Beaux-Arts d’Angers. Il fut proche de Julien Gracq et le rencontra régulièrement. Son dernier roman, Soixantième figure dans la sélection Renaudot de 2007.

 

Bon état, voir photos.