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LECONTE de LISLE – Belle lettre à Léon Barracand et 2 L.A.S. de son épouse

Lettre autographe signée à son ami Léon Barracand – Paris, 29 juillet 1883 – 2 pp. ½ in-8, enveloppe avec mention calligraphiée du destinataire.

 

« En somme, mon cher ami, rien de tel que l’hiver. C’est une saison délicieuse qui a ce mérite inappréciable, entre autres, de réunir les amis dispersés par l’été. »

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LECONTE de LISLE (1818 – 1894) – Poète parnassien

Lettre autographe signée à son ami Léon Barracand Paris, 29 juillet 1883 – 2 pp. ½ in-8, enveloppe avec mention calligraphiée du destinataire.

Jolie lettre au sujet de la nouvelle de son ami qui vient de paraître dans La Revue Bleue

« Pardonnez-moi d’avoir tant tardé à vous répondre. J’ai eu mille préoccupations et mille ennuis qui m’ont empêché de vous remercier plus tôt de l’envoi que vous avez bien voulu me faire des numéros de la Revue Bleue.
J’ai lu votre nouvelle avec infiniment d’intérêt. Elle est d’un excellent style, net et précis, et témoigne d’un vrai talent de romancier. Je suis absolument de votre avis ; le dénouement qu’on vous a imposé n’en est pas un. J’espère bien que vous rétablirez dans le livre les dix pages qu’Yung a retranchées de la façon la plus maladroite
[Eugène Yung (1827-1887), historien et journaliste, fondateur de La Revue Bleue en 1863]. Les raisons que vous me donnez pour faire à ce pauvre enfant « d’aimables funérailles » sont irréfutables.
Si vous vous plaignez à Romans du froid et de la pluie
, que diriez-vous donc de l’affreux temps que nous avons ici ? Il y a, du matin au soir, et sans transition, des écarts de 10 degrés. Aussi, nous nous enrhumons à qui mieux mieux. Pour ma part, les névralgies me torturent de la tête aux pieds, et je passe instantanément du rire au blasphème, comme un simple aliéné ; et cela, en attendant les horribles chaleurs probables du mois d’août, c’est-à-dire un air irrespirable et saturé d’électricité, ce qui me donne de véritables attaques de nerfs.

En somme, mon cher ami, rien de tel que l’hiver. C’est une saison délicieuse qui a ce mérite inappréciable, entre autres, de réunir les amis dispersés par l’été. Offrez, je vous prie, à Madame Barracand, l’hommage de mes vives et respectueuses sympathies. Ma femme, qui l’aime beaucoup, lui envoie son plus affectueux souvenir. »

L’écrivain Léon Barracand (1840-1919), ami proche de Leconte de Lisle, est maire de Romans-sur-Isère et sera secrétaire de la Société des gens de lettres à partir de 1897. Il rédigera l’article qui paraîtra dans La Revue Bleue en hommage à Leconte de Lisle après son décès (4e série, T.II, n°4, de juillet 1894). Il fait paraître Hilaire Gervais, histoire d’un enfant dans La Revue Bleue en juin 1883, puis en 1884 aux éditions Charavay. L’œuvre lui vaudra un second prix de l’Académie française.

Joint : 2 l.a.s. de son épouse, Anna Leconte de Lisle, adressées à Madame Barracand, dont une très intéressante (4 pp. in-8), dans laquelle elle décline une invitation en raison de l’épidémie de choléra qui sévit à Paris : « […] Notre quartier est un des plus sains de Paris. On n’a pas encore constaté un seul cas dans le 6e arrondissement, et je crois que nous resterons à l’abri de cet affreux microbe qui ne tardera pas à retourner dans le midi dès les premiers froids […]. Tous nos amis sont revenus mais plusieurs se disposent à prendre la fuite. Mme de Heredia entre autres a une peur affreuse. […] Mme Houssaye, qui dînait également, avait dans la poche de son pardessus une bouteille de phénol, et dans la poche de sa robe un très élégant flacon d’acide phénique qu’elle respirait de temps à autre. Pour moi, de toutes ces précautions je n’en prends aucune, si ce n’est de m’envelopper de flanelle des pieds à la tête ; ce qui est bien plus simple que de s’infecter de ces horribles odeurs, sous prétexte de se désinfecter. […] »

 

Infimes rousseurs, voir photos.