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Sacha GUITRY – Il souffre de rhumatismes et cherche un rôle pour Charlotte (1915)

Lettre autographe signée adressée à Gustave Quinson, directeur des Bouffes Parisiens et du théâtre des Variétés – [Dax ou Juan-les-Pins, janvier 1915] – 3 pp. ½ in-4.

 

« Vous êtes certainement ce que j’aime le plus au monde après Charlotte, au même degré que Noblet et presqu’autant que moi-même. »

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Sacha GUITRY (1885 – 1957) – Dramaturge et réalisateur

Lettre autographe signée adressée à Gustave Quinson, directeur des Bouffes Parisiens et du théâtre des Variétés – [Dax ou Juan-les-Pins, janvier 1915] – 3 pp. ½ in-4.

Guitry oublie ses douleurs en se consacrant à l’écriture

« Mon très cher Ami, Sans doute m’étais-je mal exprimé dans ma 1ère dépêche car ce que j’attendais de vous c’était tout de suite et pour Charlotte [la comédienne Charlotte Lysès, sa première épouse de 1907 à 1918] un dérivatif à un fâcheux état moral qui atteint sa santé. Or votre dépêche que je reçois me propose d’être dans onze jours à Londres (!) pour y jouer moi la comédie. Je parviens à dissimuler le mal dont je souffre, mais je ne passe pas une demi-heure sans souffrir. Et cela dure depuis dix mois et si je parviens à conserver du goût pour la vie et surtout pour le travail, c’est au prix de mille efforts. Si parfois je suis un peu triste, je ne suis nullement découragé. La cure de Dax a été nulle mais je conserve l’espoir de guérir complètement [pour soigner ses crises de rhumatismes, Guitry effectue des cures de bains de boue, accompagné de Jean Daragon, Charlotte n’ayant pas souhaité l’accompagner. Le conseil de réforme viendra d’ailleurs constater sur place son état de santé et le déclarera non-apte]. Mais pour atteindre ce but et pouvoir reprendre un jour la vie telle que je la conçois, je dois encore prendre les plus grandes précautions et ce n’est pas au moment où il me faudrait le soleil de l’Egypte que je puis aller dans les brumes de l’Angleterre. Charlotte ne se rend peut-être pas compte de l’état où je suis. Chaque geste que je fais est une douleur pour moi. Et une seule chose me fait oublier ma peine : le travail. Je me suis remis depuis hier au travail, je travaille pour moi, et je crois que je fais une chose qui vous plaira beaucoup, qui fera mieux que vous plaire. J’aurai ainsi dans 15 jours, 5 pièces prêtes et, s’il m’arrivait une rechute, j’aurais au moins paré l’avenir et fait mon devoir [ces 5 projets étant probablement La Jalousie, Ceux de chez nous, Un sujet de roman, Jean de la Fontaine et Faisons un rêve].

Donc, une fois de plus, je vous le demande, mon cher ami, tâchez d’occuper Charlotte (qui a une très jolie idée de causerie) et redonnez lui confiance en elle. Sitôt que j’aurai terminé ma pièce et recouvré un peu plus de santé, j’irai vous retrouver à Paris et , pouvant rentrer chez moi le soir, dans ma voiture, je pourrai rejouer la comédie sans danger. Ah ! Si vous pouviez lui faire jouer une pièce, tout de suite, qui ne serait pas de moi et dans laquelle elle aurait un grand succès, vous lui rendriez, et à moi, le bonheur. Je vous embrasse et j’embrasse Païpon du fond du cœur. Vous êtes certainement ce que j’aime le plus au monde après Charlotte, au même degré que Noblet [le comédien Georges Noblet, nom de scène de Georges Grenoble] et presqu’autant que moi-même. »

Le directeur de théâtre Gustave Quinson fut un ami intime du couple Lysès-Guitry pendant plusieurs années. Sacha Guitry avait épousé Charlotte Lysès en 1907, laquelle créera pas moins de 19 pièces écrites par son mari, avant leur séparation en avril 1917. À cette époque le couple vit ses premiers moments de tension, Charlotte trompe son mari avec le ténor de l’Opéra-comique Fernand Francell alors que Sacha Guitry, peu de temps après, tombera amoureux d’Yvonne Printemps. Le couple divorcera le 17 juillet 1918.

 

Bon état, voir photos.