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Victor HUGO – Belle lettre à Émile Deschanel évoquant la “Lettre à Louis Bonaparte”

Lettre autographe signée V. adressée à Émile Deschanel à Bruxelles – Marine Terrace (Jersey), mardi 10 mars [10 avril 1855] – 1 page sur feuillet in-8, marques postales, nom du destinataire et adresse au verso : Monsieur E. Deschanel – 176, r. de Brabant – Belgique. Bruxelles. (Par Ostende).

 

« Encore un speech au Bonaparte … »

 

 

Vendu

Victor HUGO (1802 – 1885) – Poète et dramaturge

Lettre autographe signée V. adressée à Émile Deschanel à Bruxelles Marine Terrace (Jersey), mardi 10 mars [10 avril 1855] – 1 page sur feuillet in-8, marques postales, nom du destinataire et adresse au verso : Monsieur E. Deschanel – 176, r. de Brabant – Belgique. Bruxelles. (Par Ostende).

Correspondance politique entre deux exilés, Hugo annonce Les Contemplations

« Encore un speech au Bonaparte. Lisez-le cher poëte, je vous prie, au National, si, comme je suppose, c’est toujours la Nation (donnez-moi donc quelques détails à ce sujet). Charles, paresseux à écrire, ne l’est pas à aimer, et nous passons des heures à parler de vous et de votre trinité actuelle [par allusion à la naissance le 13 février de Paul Deschanel, futur président de la République]. Il vous prie d’offrir ses plus respectueux souvenirs et hommages à Mme de Laska à laquelle il écrira certainement. Je serai heureux si vous parlez des Contemplations dans l’Indépendance ; elles paraîtront dans les premiers jours de juin et vous aurez un des premiers exemplaires. Mon excellent ami Hetzel est-il de retour à Bruxelles ? dites-lui que j’ai reçu les deux charmants petits livres, gros de talents et d’esprit, et que Marine Terrace s’en lèche les barbes […] »

L’article en question, du 8 avril, est une lettre restée célèbre. Intitulé Lettre à Louis Bonaparte, il proteste avec virulence contre la visite de l’Empereur à Londres. Ce déplacement illustre à ce moment le rapprochement de la France et de l’Angleterre, alliés de circonstance dans le soutien aux turcs pendant la guerre de Crimée (1854-1856). Cette alliance politique se manifeste par plusieurs échanges protocolaires : la visite de Napoléon III à Windsor en avril et celle de la reine Victoria à Paris du 17 au 28 août, accompagnée du prince Albert et de leurs enfants. Cette polémique enflera et ne sera finalement pas étrangère à l’expulsion d’Hugo au mois d’octobre suivant.

La lettre s’ouvre sur ces lignes : « Qu’est-ce que vous venez faire ici ? à qui en voulez-vous ? qui venez-vous insulter, l’Angleterre dans son peuple ou la France dans ses proscrits ? […] ».

Homme politique et écrivain, farouche opposant à Louis-Napoléon Bonaparte, Émile Deschanel (1819-1904) est contraint à l’exil quelques semaines après le coup d’État de décembre 1851. Installé à Bruxelles à partir de janvier 1852, il collabore à L’Indépendance belge et tient des conférences littéraires auxquelles assistent Victor Hugo, Alexandre Dumas et Edgar Quinet.

Victor Hugo vécut avec sa famille en bord de mer à Marine Terrace pendant 3 ans et 3 mois, il en sera expulsé quelques mois après la redaction de cette lettre et quittera Jersey le 31 octobre. Les Contemplations, dont il annonce ici la parution imminente, seront publiées un an plus tard ; les droits d’auteur permettront à Hugo de financer l’acquisition de Hauteville House à Guernesey, où il ira ensuite s’installer.

 

Petite déchirure à l’ouverture, voir photos.