Victor HUGO – Lettre amicale à Delphine de Girardin [1845]
Lettre autographe signée Victor Hugo adressée à Delphine de Girardin – S.l.n.d. [7 décembre 1845] – 1 page sur un feuillet double in-8, papier bleuté.
« sans respect pour ce qui est trois fois saint, on me prend mon dimanche, ce dimanche sacré qu’on ne devrait pas plus prendre à un ouvrier qu’au bon Dieu »
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Victor HUGO (1802 – 1885) – Poète et dramaturge
Lettre autographe signée Victor Hugo adressée à Delphine de Girardin – S.l.n.d. [7 décembre 1845] – 1 page sur un feuillet double in-8, papier bleuté.
Le poète se rappelle au souvenir de son amie de longue date
« Est-ce que vous vous souvenez encore de moi, Madame. Moi, je pense toujours à vous [depuis l’accident mortel de Léopoldine, Victor Hugo s’était considérablement éloigné du monde littéraire]. Si je n’avais grand peur d’être horriblement pédant, je vous citerais un vers que Virgile a fait sur vous et sur moi il y a deux mille ans. Je voulais vous aller voir aujourd’hui, et voici que, sans respect pour ce qui est trois fois saint, on me prend mon dimanche, ce dimanche sacré qu’on ne devrait pas plus prendre à un ouvrier qu’au bon Dieu. Je me résigne à vous écrire ces inutilités. Oh ! Si vous saviez quels vœux je fais pour que le magicien qui a transporté les Vosges près du Taunus ait un beau matin l’idée de transporter le Pavillon Marbeuf près de la Place Royale.
Je mets à vos pieds mes plus tendres admirations et mes plus tendres respects. »
Delphine et Émile de Girardin venaient de déménager de la rue Laffitte vers le Pavillon Marbeuf, à l’angle de la rue de Chaillot et des Champs-Elysées. La Place Royale est l’actuelle place des Vosges, où Hugo occupe un appartement au 2e étage de l’Hôtel de Rohan-Guémené de 1832 à 1848 – Il deviendra la « Maison Victor Hugo » en 1902.
Fille de la salonnière et femme de lettres Sophie Gay, Delphine Gay (1804-1855) épouse en 1831 Émile de Girardin, fondateur du journal La Presse (première parution en juillet 1836). Elle est propulsée très tôt dans les milieux artistiques et littéraires par sa mère qui tient un salon très en vue, au 11 de la rue Saint-Georges, puis au 41 rue Laffitte. Entre 1836 et 1848, elle rédige, dans le journal dirigé par son mari, un feuilleton hebdomadaire intitulé « Courrier de Paris » sous le pseudonyme du vicomte de Launay, en forme de chronique de la vie parisienne. Les mercredis, elle reçoit, comme sa mère, les acteurs majeurs de la vie littéraire et politique de l’époque, dont Théophile Gautier, Alfred de Vigny, Honoré de Balzac, Alphonse de Lamartine ou Victor Hugo.
Victor Hugo entretiendra une amitié durable avec Delphine de Girardin et avec son mari avec qui il défend des opinions communes, en littérature comme en politique. Il avait fait sa rencontre dans le salon de Charles Nodier, avant même de connaître son mari et, après son mariage, les couples Hugo et Girardin étaient devenus amis.
Bon état, voir photos.