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Camille PISSARRO – À Maximilien Luce à propos de ses peintures sur éventails

Lettre autographe signée adressée à Maximilien Luce – Eragny, 9 février 1891 – 2 pp. sur un feuillet double in-8.

 

« J’ai reçu ce matin votre lettre m’annonçant le départ de l’ami Signac emportant les éventails, je crains bien que vous n’ayez fait une erreur. »

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Camille PISSARRO (1831 – 1903) – Peintre

Lettre autographe signée adressée à Maximilien Luce Eragny, 9 février 1891 – 2 pp. sur un feuillet double in-8.

Au sujet de ses peintures sur éventails, de la santé de ses yeux et d’un tableau en cours

« Mon cher Luce,

J’ai reçu ce matin votre lettre m’annonçant le départ de l’ami Signac emportant les éventails, je crains bien que vous n’ayez fait une erreur – Vous vous souvenez que cet entêté de Casburn [Charles Casburn, le comptable de Durand-Ruel] prétendait que Durand ne prenait pas l’éventail que j’avais déposé chez Courtet, lequel représente un soleil couchant avec brouillard, vacher et vachère. – Signac l’emporte-t-il ?… Je lui ai écrit il y a quelques jours pour le prier de le faire remettre à Durand, n’en ayant pas de nouvelles voudriez-vous, si cela ne vous dérange pas trop vous en informer, s’il est encore chez Courtet. Voudriez-vous le remettre à Durand de ma part – il y va de la vente assurée, chose essentielle !
J’espère que vous vous souviendrez de votre promesse de visite, nous serions tout heureux de vous avoir.
J’enverrai ces jours-ci la toile à Khan
[Gustave Kahn (1859-1936), critique et grand collectionneur d’art]. J’espère que ça lui plaira, je la travaille ou plutôt, je la polis tant que je peux.
Mon œil est évidemment mieux mais je ne puis quitter mon bandeau que le matin pendant 2 ou 3 heures pour le remettre
, les abcès recommencent aussitôt fermés, aussi je n’abats pas gros !…
J’ai reçu une lettre de Lucien avant-hier, il a commencé à donner ses leçons, il est assez content, je lui ai envoyé les notices des Indépendants qu’on s’obstine à envoyer ici
[le Salon des Indépendants qui va se tenir le 20 mars au Pavillon de la ville de Paris]. J’espère qu’il enverra quelque chose. Il me charge de vous faire ses compliments ainsi qu’aux amis.

Et Hayet que devient-il ? son entrepreneur ?? [le peintre Louis Hayet (1864-1940), proche de Camille et Lucien Pissarro, qui s’était joint à l’expérience pointilliste pour s’en éloigner vers 1890]. Je vous serre les mains et vous remercie. Compliments de ma femme et des jeunes gens. »

Maximilien Luce (1854)1941), figure du mouvement néo-impressionniste, côtoie ses principaux représentant, Seurat, Signac ainsi que le critique anarchiste Félix Fénéon. Il se liera d’une amitié profonde à Camille Pissarro avec il partage des affinités tant artistiques qu’intellectuelles, leur deux familles se rencontrent fréquemment à Éragny. Pissarro tentera une incursion dans le pointillisme et prendra part à l’exposition « divisionniste » de 1886, technique qu’il abandonnera dès 1890.

Camille Pissarro adresse le même jour une lettre à Paul Signac à ce sujet : « J’ai reçu ce matin une lettre de Luce m’annonçant votre départ demain, j’espère que ma lettre aura la chance de vous trouver encore à Paris. Luce me dit vous avoir remis 3 éventails, et ne me dit rien du 4e appartenant à Durand-Ruel et que j’aurais désiré remettre à celui-ci. Cet éventail représente un soleil couchant avec brouillard, vaches et vachère. Si par hasard vous l’avez il ne faudrait pas l’emporter, dans tous les cas m’en prévenir, afin que j’en explique à Durand l’emploi, je crains d’en perdre la vente, chose grave en l’état actuel !! » Il poursuit en évoquant de nouveau G. Kahn : « Si vous voyez Kahn dites-lui que son tableau est prêt, je ferai en sorte de le lui envoyer directement […] » Il ajoute en post-scriptum : « vous ai-je dit le prix des éventails – 300 fr. »

Discrète restauration sur le premier feuillet, voir photos.