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Camille PISSARRO – Belle lettre à son ami Claude Monet qui lui vient en aide (1892)

Lettre autographe signée adressée à Claude Monet – Londres 8 juin 1892 – 2 pp. in-12 (10 x 15,5 cm), papier filigrané Victoria J S & Co.

 

« Si donc, mon cher Monet, vous consentiez à me prêter sur hypothèque la somme nécessaire, je suppose que la maison se vendra une trentaine de mille francs »

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Camille PISSARRO (1831 – 1903) – Peintre

Lettre autographe signée adressée à Claude Monet Londres 8 juin 1892 – 2 pp. in-12 (10 x 15,5 cm), papier filigrané Victoria J S & Co.

Importante lettre sur le prêt consenti par Monet pour l’achat de la maison d’Éragny

« Mon cher Monet,

Je reçois aujourd’hui une lettre de ma femme m’annonçant qu’elle est allée vous voir pour vous demander si vous consentiriez à nous avancer la somme nécessaire pour acheter la maison d’Eragny. Je vous avoue que j’ignorais absolument que ma femme eut l’intention d’aller à Giverny et je suppose qu’elle a dû vous donner des explications. Vous savez quelle est ma position ; je ne fais que débuter et ne suis pas encore bien assuré de mon succès [du 23 janvier au 20 février le peintre avait exposé une cinquantaine de toiles chez Durand-Ruel, il s’agissait de sa première exposition indépendante depuis 1883], mais ma femme est si entichée de la maison que nous habitons que je n’ose refuser cette satisfaction à ma compagne qui l’a certes bien méritée. Si donc, mon cher Monet, vous consentiez à me prêter sur hypothèque la somme nécessaire, je suppose que la maison se vendra une trentaine de mille francs. J’ai besoin d’une réponse immédiate avec vos conditions, la maison devant être mise en vente dimanche prochain ; ma femme vous a sans doute dit que d’après mon bail on me doit donner la préférence à somme égale.
Excusez-moi de vous tant presser, je n’ai que juste le temps de recevoir votre lettre et pensez qu’ici il n’y a pas de distribution le dimanche.
Mes respects, je vous prie, à Madame Hochedé et une bonne poignée de main de votre ami.

7 Colville Square – Bayswater – London. W. »

Camille Pissarro séjourne alors à Londres pour la troisième fois, après un premier exil en 1870 pour fuir l’invasion prussienne en compagnie d’ailleurs de Monet, puis un deuxième voyage en 1890.

Depuis 1884 les Pissarro occupent la maison d’Éragny-sur-Epte, non loin de Giverny, moyennant un loyer mensuel de 1.000 fr. Le succès du peintre est encore modeste et ne lui permet pas de s’engager sur le prix de 30.000 fr. demandé par son propriétaire. Camille Pissarro, qui contrairement à son ami vivra toujours dans la précarité, reste d’une indépendance farouche et s’offusque de la démarche de sa femme Julie lorsqu’elle se rend chez Claude Monet pour solliciter un prêt de 15.000fr. Celui-ci accèdera à sa demande à la condition qu’une partie du prix lui soit remboursé moyennant le don d’un tableau de son choix, ce sera Paysannes plantant des rames, que Pissarro venait pourtant d’offrir à son épouse…

Le remboursement du prêt sera une lourde charge pour Pissarro, qui le contraindra notamment à vendre en 1895 une douzaine de toiles à Durand-Ruel pour seulement 10.000fr. Le peintre occupera la maison d’Èragny jusqu’à sa mort.

 

Bon état, voir photos.