Camille PISSARRO – Sur ses yeux malades et dénonçant les spéculateurs
Lettre autographe signée adressée à sa femme Julie – Paris, 4 mai 1893 – 2 pp. in-12.
« c’est parbleu toujours la même farce ; tas de spéculateurs ma foi, Zut ! cela les regarde au fond, ce n’est point l’amour de la peinture, je n’en suis nullement flatté, c’est de la pure blague !!! »
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Camille PISSARRO (1831 – 1903) – Peintre
Lettre autographe signée adressée à sa femme Julie – Paris, 4 mai 1893 – 2 pp. in-12.
Belle lettre familiale dans laquelle le peintre s’emporte contre les spéculateurs
« Ma chère Julie,
Aujourd’hui jour de repos ce n’est que demain jour du Docteur. Depuis hier pas de pus ; j’espère que cela va continuer à s’améliorer. J’ai reçu un mot d’Esther B [Esther Bensousan, devenue l’épouse de Lucien en août 1892] ce matin, je suis heureux de la savoir mieux et qu’elle a repris sa vie ordinaire. Elle me demande quels sont les médicaments pour toi et pour Cocotte [leur fille Jeanne, restée avec sa mère, probablement à Éragny] : Voici
pour toi : Ledum 6è
2 ou 3 gouttes dans 8 cuillères d’eau
Cocotte : mélangés
Iodium – 30
Calea-Car – 30
Spongia – 30
kali – Car – 30
Je viens d’apprendre qu’un très beau tableau de moi de l’année 70-71 vient d’être vendu à l’hôtel Drouot 4 mille frs. Il paraît d’après Duret [le critique d’art Théodore Duret (1838-1927)] que c’est la plus belle chose que j’ai jamais faite, c’est parbleu toujours la même farce ; tas de spéculateurs ma foi, Zut ! cela les regarde au fond, ce n’est point l’amour de la peinture, je n’en suis nullement flatté, c’est de la pure blague !!! Cela va faire faire à Portier une drôle de figure, ses amateurs ne pourront plus suivre les prix ! c’est à mourir de rire.
J’ai commencé une pochade de Titi en pieds [leur 3ème fils, Félix, que son père peint la même année, Félix Pissarro, lisant]. Belle exposition chez Durand de tous les impressionnistes, il paraît que l’on attend des étrangers et alors on fait toilette !
Nous sommes très bien moi et Titi, j’espère que vous êtes de même.
je vous embrasse tous en bloc. ton mari aff. »
Depuis 1890, Camille Pissarro souffre d’une inflammation des yeux (dacryocyste) et connaitra plusieurs crises (en 1893, puis en 1897-99), qu’il vient faire soigner à Paris. Compte tenue de son état, le docteur Parenteau lui déconseille de peindre en plein air ; il réalise ainsi à cette période de nombreux paysages parisiens, notamment depuis sa chambre de l’hôtel Garnier, rue Saint-Lazare (la série Saint-Lazare date d’avril 1893).
Le 30 mai se tiendra une exposition d’impressionnistes chez Duran-Ruel, accueillant notamment des œuvres de Manet, Monet, Renoir et Pissarro.
Discrètes consolidations aux plis, voir photos.