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Catherine de MÉDICIS – Belle lettre concernant un important projet de mariage (1588)

Lettre signée adressée à Horatio Rucellai, banquier florentin et homme de confiance du grand-duc de Toscane, contresignée par Nicolas IV de Neufville de Villeroy (1542-1617), secrétaire d’État du roi Henri III – Paris le Xme jours de mars 1588 – 1 page in-folio, adresse et vestige de cachet.

 

« A quoy je me remectray, me contentant de vous asseurer que j’affectionne grandement les choses, aultant pour le bien et advantage commung du Roy mondit fils et de mon cousin le Grand Duc de Toscane, que pour le respect de ma fille… »

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Catherine de MÉDICIS (1519 – 1589) – Reine de France et régente

Lettre signée adressée à Horatio Rucellai, banquier florentin et homme de confiance du grand-duc de Toscane, contresignée par Nicolas IV de Neufville de Villeroy (1542-1617), secrétaire d’État du roi Henri III – Paris le Xme jours de mars 1588 – 1 page in-folio, adresse et vestige de cachet.

Importante lettre relative au projet de mariage entre le grand-duc de Toscane et Christine de Lorraine

Catherine de Médicis souhaite ardemment le mariage de sa petite-fille Christine de Lorraine (1565-1637), qu’elle élève depuis la mort de sa mère Claude de Lorraine en 1575, avec le grand-duc de Toscane Ferdinand Ier de Médicis.

Très attachée à sa petite fille, elle devait lui léguer l’intégralité de ses biens pour faciliter cette union avec le haut dignitaire de Florence, où Catherine était née en 1519 et où elle n’était pas retournée depuis 1533. Le mariage aura bien lieu, le 2 mai 1589, la dot de 200.000 écus d’or offerte par Catherine était considérable. Elle n’eut cependant pas le joie de voir célébrer cette union tant désirée puisqu’elle meurt au château de Blois en janvier 1589.

« Sieur Oratio, je vous escrivys dernierement que j’avois envoyé en Lorraine vos lettres du XIIIe de febvrier le lendemain que je les eus reçeues, qu’en ayant eu response je le vous ferois sçavoir incontinant. Depuis nous avons reçu vos dernieres du XXIIIe du mesme mois. Le Roy Monsieur mon fils [Henri III] et moy les avons veues ensemble, avecques tres grand plaisir d’avoir remarqué par icelles quelle est l’inclination de ceux dont elle faict mention a la conclusion du negoce que nous vous avons confié, et pareillement de l’affection avecques laquelle vous vous y employés. Ce que nous avons encores mieux compris par la lettre particulliere que vous avez escripte au Sieur de Villeroy, auquel nous avons pour ceste occasion donné charge de vous faire responce bien particulliere, affin de vous informer de nostre intention et desir sur tout ce qui concerne ce faict. A quoy je me remectray, me contentant de vous asseurer que j’affectionne grandement les choses, aultant pour le bien et advantage commung du Roy mondit fils et de mon cousin le Grand Duc de Toscane, que pour le respect de ma fille, laquelle n’est veritablement accompaignée de l’esperance de la succession que l’on met en consideration au mariage de Savoye. Mais je puis dire aussi que pour le regard de l’alliance et de la personne et pareillement pour la dot que nous luy voullons donner ne cedder a princesse aucune que mondit cousin puisse espouser, comme je vous prie de luy remonstrer. A quoy je adjousteray que nous avons en grand esgard et plaisir de ce que vous nous avez escript, que quand le Roy catholicque [le roi d’Espagne Philippe II] aura esté recherché vifvement du consentement que l’on desire obtenir de luy, il le desnira. Vous ne pouvez croire que ledit Duc ne resolve allors de passer oultre encores sans ledit consentement, pour la raison portée par vostredite lettre ; car je me deffie aucunement de la volunté dudit Roy catholicque en cest endroit, et tiendrois le fondement de ce faict pour bien incertain s’il deppendoit du tout de ce poinct la. Et comme je desire pas moings que ledit Duc ayt des enffans que il faict luy mesmes, pour l’affection particulliere que je lui porte vous l’asseurerez aussi que il ne tiendra poinct a moy qu’il n’ayt bien tost au pres de luy une femme qui luy en puisse donner ; car je procureray tous jours son bien et contentement de tout mon pouvoir, me promettant aussi toute bonne et cordialle correspondance de la sienne. Je ne vous escriray rien de mes affaires particullieres pour le present, par ce que je veux veoir devant quel progres prendra ce negoce, et aussi que je me attends que mondit cousin m’en fera voluntairement la raison que je me suis toujours promise de luy. A quoy je vous prie aussi tenir la main. Et je recongnoistray a jamais le service que vous me y ferez. Je prie Dieu, Sieur Oratio, qu’il vous ayt en sa saincte garde. Escript a Paris le Xme jour de mars 1588. »

En français moderne : Sieur Orazio, je vous ai écrit dernièrement que j’avais envoyé en Lorraine votre lettre du 13 février le lendemain du jour où je l’avais reçue, et que lorsque j’en aurais reçu réponse je vous le ferais savoir immédiatement. Entretemps nous avons reçu votre dernière lettre du 23 du même mois. Le Roi mon fils [Henri III] et moi l’avons vue ensemble. Nous avons remarqué avec très grand plaisir en lisant cette lettre quelles sont les aspirations des personnes dont elle fait mention pour la conclusion de l’affaire que nous vous avons confiée, et avec quel zèle vous vous employez à cette conclusion. Nous l’avons encore mieux compris par la lettre particulière que vous avez écrite au Sieur de Villeroy ; nous l’avons chargé à cette occasion de vous faire une réponse particulière, afin de vous informer de nos intentions et de nos désirs sur tout ce qui concerne ce projet. Je m’en remettrai à cela, me contentant de vous assurer que ce projet me tient beaucoup à cœur, autant pour le bien et l’avantage communs qui en résulteront pour le Roi mon fils et mon cousin le Grand-Duc de Toscane, que par respect pour ma fille, laquelle n’est pas véritablement accompagnée de l’espérance de la succession que l’on met en avant dans l’hypothèse d’un mariage avec la maison de Savoie. Mais je peux dire aussi qu’eu égard à l’alliance, à la personne et à la dot que nous voulons lui donner, nous ne le cédons à aucune princesse que mon cousin puisse épouser, comme je vous prie de bien le lui montrer. J’ajouterai que nous avons lu avec intérêt et plaisir ce que vous nous avez écrit, à savoir que quand nous aurons recherché vivement le consentement du Roi catholique [le roi d’Espagne Philippe II], consentement que nous désirons obtenir de lui, il le refusera. Vous ne pouvez pas imaginer que le Duc de Toscane décide alors de passer outre, sans avoir ce consentement, pour la raison que donne votre lettre ; car je ne doute pas du tout de la volonté du Roi catholique en ce domaine ; et je tiendrais ce projet pour bien incertain s’il dépendait de ce point-là. Et comme je désire que le Duc de Toscane ait des enfants autant qu’il le désire lui-même, pour l’affection particulière que je lui porte, vous l’assurerez aussi que je ferai tout pour qu’il ait bientôt auprès de lui une femme qui puisse lui en donner ; car j’agirai toujours pour son bien et son contentement de tout mon pouvoir, et je compte toujours trouver les mêmes dispositions bienveillantes chez lui. Je ne vous écrirai rien de mes affaires particulières pour le présent, parce que je veux voir auparavant comment progressera cette affaire, et aussi parce que j’ai bon espoir que mon cousin fera bien volontiers ce que j’espère de lui. Je vous prie aussi d’y travailler. Et je vous serai reconnaissante à jamais pour le service que vous me rendrez. Je prie Dieu, Sieur Orazio, qu’il vous ait en sa sainte garde. Écrit à Paris le 10 mars 1588.

Petites mouillures marginales, voir photos.