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Edgar DEGAS – Tendre lettre à un “vieil ami”, peintre infortuné (1892)

Lettre autographe signée adressée à Évariste de Valernes – Château de Ménil Hubert par Gacé (Orne), jeudi [25 août 1892] – 3 pp. in-8., à l’encre bleue.

 

« Je frapperai dans une huitaine avec le marteau de la rue Sadolet sur votre repos et votre résignation, mon vieux camarade. »

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Edgar DEGAS (1834 – 1917) – Peintre, sculpteur et graveur

Lettre autographe signée adressée à Évariste de Valernes – Château de Ménil Hubert par Gacé (Orne), jeudi [25 août 1892] – 3 pp. in-8., à l’encre bleue.

Tendre lettre à son vieil ami, le peintre Évariste de Valernes

« Je vais d’ici me diriger vers vous, mon vieil ami, varier un peu l’itinéraire, malgré cette chaleur écrasante. Je ne suis pas allé à Cauterets. Vous ne m’avez pas donné d’autres nouvelles de vous, j’en suis à la longue lettre dictée à votre jeune élève. En écrivant à Monsieur Milon pour la mort de sa femme [Thérèse Elisa Jouve, décédée le 7 juillet 1892], je pensais à un mot de lui où il me disait comment vous étiez. Voilà la pauvre Madame de St Paulet disparue si vite [Gabrielle Gautier de Saint-Paulet qui meurt le 13 juillet à 47 ans]. Le peu que je l’avais vue m’avait singulièrement plu, je l’aurais revue avec intérêt. Vous me disiez qu’elle vous avait marqué beaucoup de sympathie, et de votre côté vous aviez une sorte de penchant pour sa triste et délicate vie. Mr de St Paulet a répondu de suite par une lettre à la dépêche que je lui avais envoyée dès la nouvelle. Je frapperai dans une huitaine avec le marteau de la rue Sadolet sur votre repos et votre résignation, mon vieux camarade. Il faudra encore me pardonner ma turbulence. Je sens chaque fois que je vous remue un peu trop. je vous embrasse bien affectueusement »

Évariste de Valernes (1816-1896) avait rencontré Edgar Degas au musée de Lyon en 1858 et les deux peintres étaient devenus amis. Après avoir tenté de faire carrière à Paris, où il dut surtout se cantonner à un travail de copiste pour le ministère des Beaux-Arts, il était retourné vivre à Carpentras en 1870. Sa situation devenue précaire l’avait contraint à prendre un poste de professeur de dessin à l’école municipale ; il fréquente alors le marquis de Saint-Paulet, ancien magistrat, et Léonce Milon, huissier à Carpentras.

À rebours de sa réputation de misanthrope au caractère difficile, Degas se montre sensible et protecteur avec son vieux camarade. Il lui rend régulièrement visite et conscient de ses difficultés, lui verse une petite rente, avec le concours de l’huissier Milon, justement. Degas séjourne alors au Mesnil Hubert, chez son ami d’enfance, Paul Valpinçon.

On croise Évariste de Valernes dans deux toiles d’Edgar Degas : Degas et Évariste de Valernes (c.1865) et Portrait du peintre Évariste de Valernes (1868), visibles toutes deux au Musée d’Orsay.

Petites déchirures aux plis, voir photos.