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Émile LITTRÉ – Belle correspondance de 13 L.A.S. avec le Dr Rayer

Belle correspondance de 13 lettres autographes signées avec son ami le docteur Rayer – Paris, 1846-1860 – 21 pp. in-8, dont 11 avec adresse et marques postales.

 

« L’enseignement de l’anatomie générale manque à Paris, c’est une lacune, je dirais même c’est une honte »

 

 

Vendu

Émile LITTRÉ (1801 – 1881) – Médecin et lexicographe

Belle correspondance de 13 lettres autographes signées avec son ami le docteur Rayer – Paris, 1846-1860 – 21 pp. in-8, dont 11 avec adresse et marques postales.

Pierre François Rayer (1793-1867) est médecin dermatologue, pathologiste, physiologiste membre de l’Institut et fondateur de la Société de biologie. Il fut le médecin de Napoléon III à partir de 1852 et entretint des liens d’amitié avec Émile Littré jusqu’à sa mort.

7 septembre 1846. Sur la nomination du médecin de l’ENS-Ulm : « Je vous annonce avec bien du regret que l’affaire de M.Paulin est complètement perdue. Il m’en a informé hier soir. Voici comment la chose s’est passée : vendredi, les inspecteurs généraux étaient réunis chez le ministre pour rendre compte de leurs opérations. À la fin de la séance, l’un d’eux, d’après ce qui avait été convenu avec les autres, prit la parole pour recommander au ministre la candidature de M.Paulin. Le ministre l’interrompit aussitôt et dit que la nomination ne dépendait pas de lui et qu’il avait reconnu que le règlement remettait la nomination du médecin au directeur de l’école. Or, comme vous savez ce directeur est M.Dubois qui veut donner la place à son médecin M.Robert Latour [qui sera nommé médecin adjoint de l’ENS le 9 novembre 1846]. Aussi vous voyez que l’affaire est manquée. Toujours a t-il été fort ridicule à M. de Salvandy [Ministre de l’Instruction Publique de 1837 à 1839, puis de février 1845 à septembre 1847] d’avoir laissé faire pendant six mois des démarches à des hommes sérieux et considérables pour finir par déclarer que l’affaire ne dépendait pas de lui. C’est se moquer du monde […] »

26 mai 1847. Sur les travaux de Quaranta concernant un speculum retrouvé à Pompei : « Je suis allé hier au secrétariat de l’Institut pour savoir si M.Quaranta [archéologue italien (1796-1867)] y avait laissé son mémoire sur le speculum trouvé à Pompei ou à Herculanum M.Quaranta n’a rien laissé et il n’est resté dans les bureaux […] »

28 septembre 1847. Pour décliner une invitation

11 décembre 1847. Confirmation d’un rendez-vous, évoquant Isidore Geoffroy Saint-Hilaire

14 avril 1849. Lettre de recommandation pour Léon Fairmaire (1820-1906), entomologiste, spécialiste des coléoptères : « Vous connaissez, m’assure-t-on, M. Davenne, le nouveau directeur des hôpitaux. Si cela est, je viens, comme je l’ai fait tant de fois, réclamer un service de votre bonne amitié. Celui qui vous remettra ce billet est Monsieur Léon Fairmaire, fils d’une famille avec laquelle la mienne a été de tout temps liée et dans laquelle j’ai conservé toute intimité. C’est un jeune homme fort instruit; il sait la plupart des langues européennes et il a des connaissances étendues dans l’histoire naturelle (entomologie).en outre, ce qui vaut encore mieux, il est très intelligent et capable. Il sollicite une place dans la nouvelle administration des hôpitaux, et lui même vous donnera les détails là-dessus. Si vous pouvez le recommander à M.Davenne, je vous en serai très obligé. Ce sera certainement une excellente acquisition pour l’administration. Vous prenez si chaudement les intérêts de vos amis (et ici l’affaire de M.Fairmaire est un véritable intérêt pour moi) que je ne doute pas de votre intervention si en effet , vous pouvez quelque chose en ceci […] »

8 octobre 1849. Demande d’appui de la candidature de M. Journet

23 octobre 1849. Pour lui demander conseil au sujet d’une jeune-fille atteinte d’énurésie : « J’ai devant les yeux une jeune fille d’une vingtaine d’années, qui est affligée d’une triste infirmité. Elle ne peut retenir son urine, la nuit en dormant ; dans ces derniers temps on a essayé la belladone, qui d’abord a produit quelque effet ; mais l’effet n’a pas été durable ; et la pauvre fille se trouve après comme avant. Ce cas a du se présenter bien des fois dans votre immense pratique. Avez-vous quelque moyen sur lequel vous comptiez ? »

8 décembre 1854. Le remerciant de son appui pour sa nomination au Journal des Savants

20 novembre 1855. Au sujet du mémoire égaré de M. Reppelin

25 août 1856. Évoquant le cas d’un malade atteint du cas de la maladie bronzée : « Comme je sais que vous vous intéressez autant que jamais aux faits médicaux, je ne crains pas, au lieu de vous parler montagnes et Pyrénées, de vous consulter pour un cas curieux dont je suis témoin. Vous connaissez certainement la maladie bronzée, la maladie d’Addisson avec affection des capsules surrénales. peut-être même en avez-vous déjà des exemples Castallot en a dorénavant un dans sa clientèle. Teinte bronzée de la peau coloration noire aux bourses et à la verge, taches noires aux lèvres, à la membrane buccale, amaigrissement, affaiblissement, tout y est. C’est un homme de 45 ans, valet de chambre, résidant à Pau. Il y a treize moi qu’il est malade. L’année dernière le séjour à Bagnières de Bigorre et l’usage d’une cure très sulfureuse parut améliorer son état. Il recouvra des forces mais d’une part, la teinte bronzée n’avait subi aucune modification et de l’autre l’amélioration ne dura que jusqu’au mois de décembre. Cette année la perte des forces a reparut et le malade est revenu à Bagnères. Le même régime auquel on le soumet paraît de nouveau améliorer son état. Maintenant, j’en viens à l’objet de ma consultation. Que pensez-vous de cette maladie? Avez-vous quelque traitement à proposer ? Avez-vous quelque direction à nous donner ? Vous êtes notre maître ; ne vous étonnez pas que dans les cas embarrassants nous recourions à vous. Si donc il se trouvait que vous eussiez quelque communication à nous faire, nous vous serions très obligés tous les deux de nous écrire un mot. Je sais que vous êtes excessivement occupé mais ce qui fait que je ne crains pas d’être importun, c’est qu’il s’agit d’un cas intéressant, d’une consultation importante. Tout ce que je regrette c’est de ne pouvoir mener le malade […] » (second feuillet partiellement déchiré).

2 septembre 1860. Sur des ennuis de santé et pour le convaincre d’intervenir pour la création d’une chaire d’Anatomie : « […] Ma femme depuis quinze jours que nous sommes ici, éprouve quelque soulagement mais au fond peu considérable. Cela se borne en effet à être en état de faire quelques pas de plus qu’elle ne faisait; en partant elle avait grand peine à faire le tour de notre jardin; aujourd’hui elle peut aller prendre son bain et en revenir ce qui fait une marche d’environ une demi-heure. Avant de quitter Paris, j’ai tâché de vous voir mais je n’ai pu y réussir. Je voulais vous montrer mes mains. Il m’est survenu depuis plus d’un mois des douleurs à la face dorsale des métacarpes, non dans les articulations. mais plutôt dans les tendons ou dans leurs gaines ou dans le tissu cellulaire. Ces douleurs n’ont pas tardé à être suivies de petits engorgements. Je crois que tout cela me fait de nature goutteuse non justa chiragra mais juste ou non il faut en prendre son parti. Je vous montrerai mes mains à mon retour. Je voulais aussi vous entretenir de Robin. Plus j’y réfléchis plus je pense que c’est à vous qu’il appartient de prendre à cœur et en mains cette affaire aussi bien pour la chose que pour la personne et que renouveler ce que vous avez si heureusement et si dignement fait […]
L’enseignement de l’anatomie générale manque à Paris c’est une lacune je dirais même c’est une honte. Il est bien sur que présentement l’homme le plus capable de la promouvoir et de l’enseigner c’est Robin. Quelqu’indifférent que soit le ministre aux choses scientifiques, cependant il ne doit pas être ? au désir d’honorer son passage par quelque création importante et la création d’une chaire d’anatomie générale sera certainement un honneur pour le ministre qui en dotera le haut enseignement. Et vous, à quoi pouvez-vous employer votre grande et honorable influence d’un côté par le pouvoir de l’autre pour vos confrères , les médecins, qu’à indiquer l’honneur indispensable pour une chaire indispensable…et une vie à l’association qui sans votre intervention ne serait encore qu’un désir ? Agréez, mon cher Monsieur Rayer l’assurance de mon dévouement affectueux […] »

S.d. jeudi soir. Sur la création d’une chaire d’histoire de la médecine : « Comme je le pensais et vous le disais mercredi dernier, la faculté a voté, à une très grand majorité, la création d’un chaire d’histoire de la médecine. Je crois aussi savoir que la faculté est très bien disposé pour Darenberg. Reste le ministre de qui tout dépend, la création de la chaire et la nomination du titulaire. Voyez-le donc, je vous en prie […] »

 

Charles Robin (1821-1885) est biologiste, anatomiste, botaniste En 1862, une chaire d’histologie a été créée pour lui, à la faculté de médecine de Paris.

 

Joint : 2 L.A.S. du Dr Rayer (septembre 1863 et s.d.), dont une adressée au Dr Vidal au sujet d’un malade et l’autre concernant le concours d’agrégation et une note autographe signée : « des fièvres rémittentes »

 

Bon état général, voir photos.