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Émile ZOLA – Belle lettre relative à la publication de “Pot-Bouille” en feuilletons

Lettre autographe signée adressée à Hugo Wittmann – Paris 29 avril [18]80 – 3 pp. in-8.

 

« pourvu que ce roman … rentre, comme allure et contenu, dans la catégorie des romans dont la publication n’effarouche pas trop le public »

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Émile ZOLA (1840 – 1902) – Écrivain, romancier et journaliste

Lettre autographe signée adressée à Hugo WittmannParis 29 avril [18]80 – 3 pp. in-8.

Importante lettre concernant les droits de publication de Pot-Bouille en feuilletons

Émile Zola, auteur à succès, est également un redoutable homme d’affaires. Dans le célèbre article contemporain de cette lettre, « L’Argent dans la littérature », il défend l’idée que l’écrivain est « un marchand comme les autres ». Conséquence probable de ses débuts difficiles, Zola met donc ce principe en pratique et étudie avec rigueur et minutie chacun des contrats le liant à ses éditeurs, avec Lacroix d’abord, puis Georges Charpentier et Eugène Fasquelle. Les droits annexes de diffusion ne sont pas oubliés, comme ici, lorsqu’il s’agit d’encadrer la parution en feuilletons de Pot-Bouille à l’étranger.

« Nous sommes absolument d’accord, et je répéterai ici les phrases même de votre lettre du 7 avril, pour qu’il n’y ait aucun malentendu.

La Nouvelle Presse Libre prendra mon prochain roman au prix de dix mille francs (payable en échange du manuscrit), pourvu que ce roman ne coïncide pas avec celui de Daudet et qu’il rentre, comme allure et contenu, dans la catégorie des romans dont la publication n’effarouche pas trop le public [précaution probablement rendue nécessaire après la publication de Nana la même année]. Il demeure entendu que le droit de traduction et de publication de ce roman appartient pour toute l’Autriche Hongrie et pour tout l’Empire germanique exclusivement à votre journal et que l’original français ne pourra paraître en volume qu’après votre publication terminée. Mon œuvre paraîtra naturellement dans un journal français en même temps que chez vous ; mais en ce cas, je devrais vous envoyer mon manuscrit assez à temps pour que vous puissiez commencer le même jour, ou, si c’est un journal hebdomadaire donnant la valeur de plusieurs feuilletons à la fois, environ huit jours à l’avance. Voilà qui est fait. […] »

Zola lui adresse une étude qui n’a pas encore paru en France et l’autorise à la publier comme bon lui semblera ; il s’engage à lui faire prochainement la primeur d’une nouvelle totalement inédite.

Pour finir, il souhaite quelques éclaircissements : « un point reste obscur dans votre traité. Je vous vends mon prochain roman pour votre journal ; mais une fois publié chez vous, mon roman m’appartient-il encore en Autriche et en Allemagne, c’est à dire ai-je le droit d’en vendre la traduction à un éditeur qui le ferait paraître en volume. Veuillez me répondre sur ce point, car je reçois des offres d’éditeurs. » [Dans une lettre du 4 septembre 1882, Zola précisera à Frank Turner : « Je me suis réservé la propriété des traductions et c’est avec moi que vous devez traiter directement. »]

Conformément aux clauses de cette lettre, Pot-Bouille, dixième roman des Rougon-Macquart, paraîtra en feuilletons dans Le Gaulois entre janvier et avril 1882, et ensuite en volume chez Georges Charpentier (15 avril). 

Hugo Wittmann (1839-1923) débute une carrière dans la presse parisienne vers 1861, sous le pseudonyme de H. Villiers, et occupe le poste de correspondant du quotidien viennois la Neue Freie Presse (La Nouvelle Presse Libre) dont il est question ici. En 1872, à Vienne, il devient rédacteur pour ce même journal et prend notamment en charge les traductions : Nana (1880) puis Pot-Bouille l’année suivante.

 

Bon état, voir photos.