Franz LISZT – Lettre autographe signée au peintre Henri Lehmann
Lettre autographe signée adressée au peintre Henri Lehmann – Weimar, 22 septembre 1852 – 4 pp. in-8 sur papier bleuté.
« Vous avez probablement appris que cette petite ville doit s’enrichir d’un grand monument qui se composera de la statue de Goethe et de Schiller. »
Vendu
Franz LISZT (1811 – 1886) – Compositeur et pianiste
Lettre autographe signée adressée au peintre Henri Lehmann – Weimar, 22 septembre 1852 – 4 pp. in-8, sur papier bleuté.
Des nouvelles de Weimar qui s’apprête à rendre hommage à Goethe et Schiller
« Monsieur Hugo (non Victor) que j’estime comme un honorable et excellent jeune homme me disant qu’il vous avait écrit par le courrier d’aujourd’hui, je lui ai demandé de m’envoyer sa lettre afin d’y ajouter quelques mots de bon souvenir et de bonne amitié. J’espère que ces lignes vous trouveront en parfaite veine de travail, ce qui est le point essentiel pour un artiste de votre trempe ; le reste peut venir comme pardessus le marché un peu plus tôt ou un peu plus tard selon l’occurrence. Comme on s’attend à beaucoup de votre part, je me persuade que vous dépasserez même cette attente et que votre nouvelle œuvre marquera comme un jalon éclatant au beau milieu du chemin de votre renommée. Les journaux nous mettront bientôt au courant de vos travaux. Mais il me serait bien agréable d’être occasionnellement informé par vous de vos projets et de voir vos rapports premiers se continuer à travers les années.
En fait de nouvelles de Weymar, je n’en ai que peu ou prou à vous dire. Vous avez probablement appris que cette petite ville doit s’enrichir (d’ici à deux ans) d’un grand monument qui se composera de la statue de Goethe et de Schiller. L’exécution en a été définitivement confiée à Monsieur Ritschel de Dresde qui a promis d’envoyer une esquisse à la fin d’octobre. La cour d’ici se charge d’acquitter la somme demandée pour le modèle (environ 6000 thalers) et Sa Majesté le Roi Louis de Bavière a pris sur lui de faire fondre à son compte des statues à Munich de sorte qu’il ne faut plus que quelques milliers de thalers pour le piédestal, et des dépenses annexes à l’inauguration, qu’il n’y aura pas de peine à se procurer par voie d’inscription.
De plus Monsieur Gasser de Vienne est occupé en ce moment à modeler une statue de Wieland qu’il a également promis de terminer dans deux ans et dont, à en préjuger par les travaux qu’il a déjà exécutés, on se promet une belle œuvre d’art. Comme vous voyez la cour de Weymar prend la tâche de ne pas manquer à sa belle tradition et peut-être qu’après avoir aussi noblement perpétué par ces 4 monuments Herder, Goethe, Schiller et Wieland, le souvenir de la grande période poétique de l’Allemagne, il lui sera donné de faire plus encore…
Stahr est en ce moment à Rudolstadt où se trouve aussi Fanny L – [l’écrivain Adolf Stahr (1805-1876) avait une relation avec Fanny Lewald qu’il avait rencontrée à Rome en 1845. Il divorcera de sa première femme pour l’épouser en 1855. Notons que c’est à Rudolstadt qu’eut lieu la première rencontre entre Goethe et Schiller] ; je pense qu’il reviendra à la mi-octobre à son nouveau domicile de Iéna où il a établi sa femme et ses filles.
Si vous n’avez pas encore lu ses deux derniers volumes Weimar und Jena, je vous engage à vous donner ce plaisir en attendant que vous me fassiez celui de venir me voir ici où vous pouvez être certain de trouver le plus cordial accueil.
Votre très affectionné. »
Le peintre Henri Lehmann, né Karl Rudolph Heinrich Lehmann (1814-1882), était réputé pour son art du portrait, il eut pour modèle Franz Liszt (1939) mais aussi Marie d’Agoult (1843). En 1852, il fut chargé par le préfet de la Seine de décorer la galerie des fêtes de l’Hôtel de Ville qui sera inaugurée par Napoléon III et valut au peintre une croix d’officier le la Légion d’honneur.
Henri Lehmann fut très proche du couple Franz Liszt-Marie d’Agoult, qui lui avait été présenté par Ingres lors d’une visite à la Villa Médicis. Il devint un ami intime, leur confident et le protecteur du jeune Daniel Liszt en bas âge, 3e enfant du couple qui avait déjà deux filles, Cosima et Blandine. Au moment de leur rupture, il endossa le rôle délicat de médiateur, prenant notamment la défense de Marie d’Agoult contre la calomnie. Sainte-Beuve prétendait même que le peintre était secrètement amoureux d’elle…
Quelques infimes décolorations du papier, voir photos.