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Gabriel PIERNÉ – Sur les succès de sa « Croisade des enfants »

Ensemble de 3 lettres et 1 carte autographes signées adressées au compositeur Gustave Huberti – [Paris, 1906/1908 et Carentec, 1907] – 7 pp. in-12 ou in-8.

 

« Il faut surtout pour la réussite de cette œuvre faire passer dans l’âme de ces tout petits beaucoup de notre émotion, de notre foi ! »

 

 

Réservé

Gabriel PIERNÉ (1863 – 1937) – Compositeur et chef d’orchestre

Ensemble de 3 lettres et 1 carte autographes signées adressées au compositeur Gustave Huberti – [Paris, 1906/1908 et Carentec, 1907] – 7 pp. in-12 ou in-8.

Belle correspondance relative aux représentations de ses deux oratorios : La Croisade des enfants et Les Enfants de Bethléem

Paris, 10 février 1906. « Je suis richement très déçu de ne pouvoir assister à la belle exécution que vous me promettez de la 2e partie de la Croisade. J’aurais eu n’en doutez pas, un plaisir extrême à entendre vos enfants et cela m’eût consolé des déboires que leur faible collaboration a occasionné en d’autres villes, malheureusement, j’ai été prévenu beaucoup trop tard et il m’est impossible de me rendre libre. J’en suis absolument navré et j’aurais vivement désiré, par ma présence, vous témoigner toute ma reconnaissance, vous remercier de vive voix du dévouement dont vous avez fait preuve à mon égard et tous ces beaux projets doivent être hélas ! abandonnées.

Je ne désespère pourtant pas d’avoir l’occasion d’entendre vos enfants. Je crois très fermement que si la 2e partie de mon œuvre est appréciée, que si vos enfants ont fait des merveilles, il se trouvera à Bruxelles un homme désireux de faire entendre mon œuvre intégralement et peut-être un jour, pourrai-je aussi à mon tour, trouver une occasion de faire entendre vos petits à Paris pour une audition complète de la Croisade ! Cette occasion peut se présenter et je serais ravi de trouver une combinaison qui me permette de faire aboutir cette manifestation qui aurait aux yeux de beaucoup un intérêt artistique très grand.

Veuillez, Cher Monsieur, m’envoyer quelques comptes rendus de votre concert et quelques programmes, je ferai à Paris, une publicité qui ne pourra, je pense, que vous être agréable. Encore tous mes regrets, bien sincères et croyez à l’entière reconnaissance de votre GP. » 

Carentec, 1907. « Je m’occupe de mon affaire. Sous peu, je serai fixé je pense. Mais vous ne me répondez pas au sujet de l’audition projetée à Bruxelles quelques jours avant celle de Paris ? Vous ai-je dit que je serai pris le 22 déc pour diriger à Nancy les enf. à B. [Les Enfants à Bethléem] ? Je n’accepterai définitivement qu’après avoir reçu votre réponse. Je vous rappelle qu’il est indispensable de joindre 80 garçons au moins dans les 200 voix. Et maintenant souhaitons que tout cela réussisse…ça serait drôle…et nouveau ! Bien tout à vous. »

Paris, [1908 ?]. « J’attendais de vos nouvelles avec la plus grande impatience ! J’avais lu cependant l’article très bienveillant que mon ami Solvay [le journaliste et poète Lucien Solvay, devenu critique musical du quotidien L’Étoile belge] avait écrit dans L’Étoile mais tout en faisant part de son amicale indulgence, je n’en attendais pas moins une lettre de vous, me fixant sur le résultat artistique de l’audition de mon œuvre.

Me voici maintenant pleinement tranquillisé et c’est en toute quiétude d’esprit que je puis vous remercier de bien grand cœur de votre dévouement et vous féliciter d’un succès qui vous appartient. Je sais quelles sont les difficultés que vous avez eu à vaincre ; je sais qu’en dehors de certaines intonations difficiles à prendre il faut surtout pour la réussite de cette œuvre faire passer dans l’âme de ces tout petits beaucoup de notre émotion, de notre foi ! et si la collaboration d’un chef, son autorité, sa science sont nécessaires il y faut aussi, surtout dirai-je même cette sensibilité qui est propre à tous les artistes vraiment dignes de ce nom. Soyez donc, Cher Monsieur et Ami, doublement remercié. Je vous adresse mes reconnaissantes félicitations et vous prie d’être auprès de tous l’interprète de mes sentiments de profonde gratitude. »

Paris, [16 mai 1908 ]. « Je viens de voir Monsieur Joanin et nous sommes absolument d’accord pour reconnaître la justesse de vos revendications ; il n’a pas été stipulé, en effet, dans votre contrat que la location du matériel vous avait été accordée pour une seule exécution, cette clause devait être formellement respectée d’après mon entente et les intérêts que j’ai à défendre vis-à-vis de mon éditeur, je suis au contraire très heureux que vous bénéficiez de cette exception que j’aurais été d’ailleurs le premier à faire si j’avais été prévenu par vous du but charitable de votre concert. Si j’ai réclamé auprès de Monsieur Joanin, c’est que j’ai de très sérieuses raisons pour agir ainsi, vous êtes vous-même compositeur, cher Monsieur, et vous devez savoir tout ce que notre métier apporte de surprises généralement désagréables ! Merci de tout cœur de la sympathie que vous m’avez accordée et croyez à mes sentiments de bonne confraternité.

[P.S.] Enfin Les Enfants à Bethléem seront exécutés à Paris l’an prochain. Après vous, après Amsterdam ! après Nancy ! après New-York ! béni soit le ciel et le syndic du Conseil municipal qui m’accorde 400 enfants ! Je pars ce soir pour Dortmund où je vais entendre La Croisade avec 1.000 chanteurs dont 700 enfants. …Quand entendrai-je les vôtres ? »

 

Gabriel Pierné est l’auteur de deux oratorios pour chorales scolaires : La Croisade des enfants (1902), sur un livret de Marcel Schwob, et Les Enfants de Bethléem (1907), qui en constitue un complément. Le Ménestrel se fera l’écho du concert de mars 1906 : « L’école de musique de Saint-Josse-ten-Noode a donné pour son concert annuel la deuxième partie de La Croisade des Enfants de M. Pierné interprétée par les 200 voix enfantines de l’École. Triomphe pour les chanteurs et pour l’œuvre dont une exécution complète est réclamée par tout le monde. » L’œuvre de Gabriel Pierné eut un fort retentissement à l’époque et fut représentée plus de 200 fois à travers le monde (France, Etats-Unis, Australie, Hollande, Allemagne, Russie, etc.)

Gustave Huberti (1843-1910) est un compositeur belge lié au mouvement flamand, à partir de 1893, il prend la direction de l’École de musique de Saint-Josse-ten-Noode (Shaerbeek, Bruxelles).

Bon état général, voir photos.