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Georges BIZET – Belle lettre de l’élève Bizet évoquant une œuvre de Chopin

Lettre autographe signée adressée à Mon cher maître [Antoine Marmontel] – S.l.n.d. [Paris, 1850/52], 1 page sur un double feuillet in-16.

 

« J’irai vous voir mercredi à la classe vous dire, si vous avez un instant, le scherzo en si min. de Chopin. »

 

 

Vendu

Georges BIZET (1838 – 1875) – Compositeur

Lettre autographe signée adressée à Mon cher maître [Antoine Marmontel] – S.l.n.d. [Paris, 1850/52], 1 page sur un double feuillet in-16.

Rare lettre du jeune Bizet interprète de Chopin

« Je suis de noce ce soir et cette nuit ne m’attendez pas, je vous prie, demain matin. J’ai eu l’étourderie de ne pas vous prévenir vendredi. J’irai vous voir mercredi à la classe vous dire, si vous avez un instant, le scherzo en si min. de Chopin [op.31]. Votre élève dévoué. »

Dès 1848, le jeune prodige avait été admis au Conservatoire en classe de piano – sur dérogation car l’admission exigeait d’avoir 10 ans révolus. En 1851 et 1852, il passe les sélections pour le concours dans la catégorie piano et décroche le 2e prix la première année et le 1er prix la seconde. Marmontel enseignera jusqu’en 1887 après avoir eu comme autres élèves Isaac Albéniz et Claude Debussy. Le « cher maître » préparait ses élèves au concours avec une persévérance et un dévouement extrêmes, allant jusqu’à organiser des auditions chez Erard sur le piano utilisé pour les auditions.

Entre 1840 et 1870, les œuvres de Chopin s’imposent comme des classiques du répertoire et dominent progressivement le programme du conservatoire. À propos du maître franco-polonais, Marmontel nous éclaire dans sa préface de la quatrième série des Classiques du piano : « sa musique pleine de poésie et de sensibilité, permet, exige même de fréquentes altérations de mesure, indiquées par des ritenuto, accelerando, stretto, tempo rubato, qui pourraient faire perdre à des élèves encore faibles le sentiment exact du rythme, leur donner un goût faux et un jeu maniéré. Ses mélodies, d’une expression tantôt tendre et douloureuse, tantôt énergique jusqu’à la sauvagerie, exigent une variété de nuances, de timbres et de sonorités à laquelle peuvent, seuls, atteindre ou prétendre les élèves déjà formés par une longue et patiente étude des maîtres. Le fréquent usage de la pédale doit être étudié avec soin et un tact tout particulier. S’il est important de s’en servir dans les nombreux endroits où l’auteur l’a marquée, il est encore plus indispensable d’en interrompre l’emploi à chaque changement d’harmonie. »

Plus précise, la note placée en tête du 2e Scherzo en Si♭mineur op.31, reproduit probablement les propos que Bizet entendit de la bouche de son professeur : « la couleur mystérieuse et sombre du début de ce scherzo lui donne comme un cachet fantastique qui disparaît à la seconde page pour faire place à une belle et large période expressive où l’inspiration s’élève et grandit jusqu’au pathétique. Cette première exposition se reproduit deux fois : puis une phrase de sentiment religieux, incidentée par quatre mesures d’une teinte pastorale, commence la seconde partie d’une nouvelle exposition. Cette double première pensée s’enchaîne à une période expressive et agitée contrastant des plus heureusement avec le chant solennel qui précède. Un trait vif, chaleureux, sur une basse à progression chantante, termine brillamment la seconde partie de ce scherzo. La Coda finale est brillante, d’une harmonie très serrée et il faudra bien en graduer l’effet de crescendo et d’animato, jusqu’au prestissimo, qu’il faut couronner par la sonorité la plus stridente. » (Georges Bizet, naissance d’une identité créatrice. Hervé Lacombe. Fayard, 2000).

Bon état, voir photos.