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Giuseppe VERDI – Belle lettre de musique sur la préparation d’un opéra (1869)

Lettre autographe signée adressée au prince Joseph Poniatowski – Gênes, 10 décembre 1869 – 2 pp. in-8, en italien.

 

Je n’ai jamais eu une exécution d’ensemble aussi précise, aussi fine et en même temps aussi ardente que l’année dernière dans La Forza del Destino. Sachez toutefois qu’il faut essayer, et essayer bien.

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Giuseppe VERDI (1813 – 1901) – Compositeur

Lettre autographe signée adressée au prince Joseph Poniatowski Gênes, 10 décembre 1869 – 2 pp. in-8, en italien.

Belle lettre musicale, de précieux encouragements avant la représentation de Piero de Medici

« Forze il diavolo non è cosi brutto come a te pare, e vedrai che il Piero de Medici [opéra en 5 actes de Joseph Poniatowski, créé à Paris en 1860], avra’ un’ esito diverzo da quelle che temi ; prima, perché tanti e tanti m’han’ detto che vi sono nella tua opera bellissimi pezzi ; poi perché hai la Sass [la cantatrice belge Marie Sasse], che se mette a tua disposizione un po’ più di buona volontà, che non ne mise nel Don Carlos, non potrà a meno di far effetto nel vastissime teatro, tanto favorevole alle voci potenti e belle. Non conosco gli altri artisti, ma hai le masse d’orchestra e cori, dalle quali, se sono come erano, si può ottenere tutto quello che si vuole. Io non ho mai avuto un’esecuzione di masse cosi precisa, cosi fina, e nello stesso tempo, cosi focosa, comme l’ebbi l’anno scorso nella Forza del Destino. Bada però che bisogna provare, e provar’ bene. […] »

Traduction : Car le diable n’est pas si laid que vous le pensez, et vous verrez que Piero de Medici [opéra en 5 actes de Joseph Poniatowski, créé à Paris en 1860], aura un résultat différent de celui que vous redoutez ; d’abord, parce que maints et maints m’ont dit qu’il y avait de beaux morceaux dans votre opéra ; ensuite parce que vous avez Sass [la cantatrice belge Marie Sasse], qui, si elle met dans votre œuvre un peu plus de bonne volonté qu’elle n’en a mis dans Don Carlos, ne manquera pas d’impressionner dans le vaste théâtre, si favorable aux puissantes et belles voix. Je ne connais pas les autres artistes, mais vous avez les ensembles de l’orchestre et des chœurs, qui, s’ils sont tels qu’ils étaient, permettent d’obtenir tout ce que l’on souhaite. Je n’ai jamais eu une exécution d’ensemble aussi précise, aussi fine et en même temps aussi ardente que l’année dernière dans La Forza del Destino. Sachez toutefois qu’il faut essayer, et essayer bien. […].

La cantatrice Marie Sasse (1838-1907) fut une des principales sopranos de l’opéra de Paris de 1860 à 1870. Elle avait déjà tenu le rôle de Laura dans une représentation de Piero de Medici de 1862 et avait fait grande impression lors de plusieurs représentations des opéras de Verdi : Léonore dans l’adaptation française du Trouvère en 1862 et Elisabeth de Valois pour la première mondiale de Don Carlos, le 11 mars 1867. Pour cette dernière représentation, Verdi avait eu une expérience décevante avec la cantatrice, ce qui explique les réserves exprimées dans la lettre : Marie Sasse s’était opposée vigoureusement à Pauline Lauters, interprète de la princesse Eboli, si bien que Verdi refusa de se rendre à la première de l’opéra ! Il refusa également de lui confier le rôle d’Amnéris dans Aïda, qu’il lui avait pourtant promis pour la première qui eut lieu au Caire en 1871.

Après des études en Toscane, le prince Joseph Poniatowski (1816-1873) débute sa carrière musicale en 1838 et devient, dans son art, un fervent défenseur des idéaux patriotiques. Comme Verdi, il s’inscrit dans le mouvement de l’unification italienne et sera nommé en 1848, à la suite de la révolution française de février, ministre plénipotentiaire à Paris. Il conduira donc une carrière double, à la fois musicale et diplomatique.

 

Légère décoloration en marge au recto, voir photos.