Gustave FLAUBERT – Futur conservateur adjoint à la bibliothèque Mazarine ?
Lettre autographe signée adressée à Edmond Laporte – [Croisset, 10 mai 1879], Samedi – 2 pp. sur un double feuillet in-8, estampille du destinataire.
« …le ministre me propose une place de conservateur adjoint à la Mazarine 3 mille fr. pas de logement, & aucune obligation pas même celle de venir dans les bureaux. Il faut que je réponde immédiatement. »
Vendu
Gustave FLAUBERT (1821 – 1880) – Écrivain
Lettre autographe signée adressée à Edmond Laporte – [Croisset, 10 mai 1879], Samedi – 2 pp. sur un double feuillet in-8, estampille du destinataire.
À la recherche d’une issue honorable à ses difficultés financières
« Mon Bab, j’ai reçu ce matin une lettre fort aimable dont je ne peux lire la signature. – Je la crois de Paul Baudry le peintre (56 rue Notre-Dame-des-Champs) mais le B est fait comme une S. About [l’écrivain et critique Edmond About (1828-1885)] s’y trouve mêlé et est, me dit le signataire, de moitié dans la rédaction d’icelle. Bref on me dit que le ministre me propose une place de conservateur adjoint à la Mazarine 3 mille fr. pas de logement, & aucune obligation pas même celle de venir dans les bureaux. Il faut que je réponde immédiatement. “Le détour que nous employons en ce moment est pr lui (le ministre) un hommage à votre fierté bien légitime”. Il n’est donc plus question de pension ? J’envoie l’autographe à Guy [de Maupassant] – en lui demandant des éclairmt éclaircissements.
Trois mille fr. n’en valent pas cinq. – mais peut-être y aura-t-il le moyen de donner le coup de pouce ? N’importe. Du moment que je ne suis astreint à rien du tout, “pas même à me présenter dans les bureaux”, j’aime mieux ça, qu’une pension. Cette aumône déguisée m’humiliant beaucoup.
Tâchez donc de me tirer l’histoire au clair & de voir Guy. L’intervention d’About m’épate Pourquoi ? Mystère. Je suis bien impatient de la conclusion, quelle qu’elle soit. & vous, mon pauvre bonhomme, où en êtes-vous de vos affaires personnelles ? Mulot est venu me voir avant-hier, je lui ai donné rendez-vous p[ou]r samedi prochain afin de régler avec vous la circulaire aux souscripteurs. [Gustave Flaubert travaillait à réunir des fonds pour faire édifier un monument à la mémoire de son grand ami défunt Louis Bouilhet. Pascal-Désiré Mulot était également un ami de Louis Bouilhet.] Si vous ne pouviez déjeuner samedi à Croisset, voulez-vous lundi ? (Le lundi prochain en huit). Mandez-le moi, afin que je prévienne le ledit Mulot. Je compte sur le zèle de mon Bab & je l’embrasse… La malchance serait-elle finie ? Allons-nous devenir tranquilles ? »
La mort de Silvestre de Sacy avait laissé vacante la place d’Administrateur de la bibliothèque Mazarine. Averti par Hippolyte Taine, Gustave Flaubert, tourmenté par de sérieux soucis financiers, manifeste alors son intérêt. Hélas ! le poste lui échappe suite à l’intervention de Léon Gambetta qui l’avait promis à Frédéric Baudry, par ailleurs camarade d’école de Flaubert à Rouen. Ses amis, Tourgueniev et Maupassant notamment, vont se mobiliser. Avec l’aide de ce dernier il obtiendra une pension, qu’il accepte à la condition que cette situation ne s’ébruite pas pour ménager son amour propre.
Dans une lettre à Guy de Maupassant du 9 mars 1879 : « Mon cher ami, puisque vous m’affirmez que cette pension sera ignorée de tout le monde, je me résigne, car la nécessité m’y contraint. […] »
Uni à Flaubert par une amitié profonde qui dura près de 16 années, Edmond Laporte (1832-1906) fut aussi un proche collaborateur de l’écrivain. Dans sa correspondance, Flaubert alterne les surnoms, tantôt Agenor, Bardache, Furet des boudoirs, Petite sœur des pauvres ou Bab, comme ici (phonétique pour « porte » en langue arabe).
Bon état, voir photos.