Henri de RÉGNIER – Belle L.A.S. au sujet de sa candidature à l’Académie (1907)
Lettre autographe signée adressée à Gabriel Hanotaux – S.l.n.d. [1907] Mardi soir – 3 pp. in-12.
« il me semble que ma situation malgré des obstacles, est loin d’être mauvaise et je ne suis pas sans espoir »
Réservé
Henri de RÉGNIER (1864 – 1936) – Écrivain et poète
Lettre autographe signée adressée à Gabriel Hanotaux – S.l.n.d. [1907] Mardi soir – 3 pp. in-12.
Intrigues et jeux d’influence en vue de sa candidature à l’Académie française
« Je suis navré de vous savoir de nouveau inquiet de la santé de votre mère et comme je vous plains de ces inquiétudes. Aussi vous suis-je particulièrement reconnaissant d’avoir trouvé parmi vos soucis le temps de m’écrire au sujet de ce Prix Chauchard [décerné par la Société des gens de Lettres, ce prix récompense les œuvres littéraires et les actes de bienfaisance]. J’en ai parlé à Vandal que j’ai rencontré aujourd’hui. Il m’a averti qu’il y aurait peut-être des inconvénients à accepter du côté Haussonville et Costa qui sont fort mal avec la Société des gens de Lettres. J’ai senti dans ce qu’il me disait que lui-même ne trouvait pas la posture de lauréat très opportune. Je vais réfléchir encore. Pour ce qui est de l’état général de mes affaires, ce même mal Vandal le trouve bon. Il est très optimiste et vous le connaissez il est timide, avisé et suit volontiers le vent et il croit au succès. Il m’a engagé à aller voir Ségur qui lui a promis d’être pour moi. Il a causé avec Masson. Masson aurait pour objection ouverte contre moi ma « prosodie ». À son avis, je place mal mes césures ! La vérité c’est qu’il s’intéresse à Richepin qui sera son candidat. […]. De son côté, il y aura aide plus ou moins prompte mais pas d’opposition systématique. Sully Prudhomme m’a fait répondre qu’il était trop souffrant en ce moment pour recevoir. Coppée m’a dit qu’en effet le pauvre homme était plus malade ces temps-ci.
Je suivrai votre conseil pour Poincaré et je vais tâcher de joindre Lamy. Il me semble que la candidature Prévost est de moins en moins probable et que sauf événement, la bague sera courue entre Pomairols, Richepin, Haraucourt et moi.
Je ne sais si je commence à être atteint des « illusions académiques » dont je me suis si souvent moqué chez les autres mais il me semble que ma situation malgré des obstacles, est loin d’être mauvaise et je ne suis pas sans espoir […] »
Le 5 mars 1908, Henri de Régnier se présente pour la première fois à l’Académie française, au fauteuil d’André Theuriet, mais c’est Jean Richepin qui enlèvera le siège, et l’on raconte que, rentré chez lui, le poète se laissa tomber dans un fauteuil en murmurant « José Maria » !
Henri de Régnier sera élu, par 18 voix, le 9 février 1911, contre Pierre de Nolhac, au fauteuil de Melchior de Vogüé.
Bon état, voir photos.