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Jean COCTEAU – Lettre émouvante à Jean Marais récemment mobilisé

Lettre autographe signée de son étoile, adressée à Jean Marais – [Paris, octobre 1939] – 1 page in-4.

 

« Puisque je t’ai, j’ai tout. » 

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Jean COCTEAU (1889 – 1963) – Poète et cinéaste

Lettre autographe signée de son étoile, adressée à Jean Marais – [Paris, c.1940] – 1 page in-4.

Lettre émouvante à Jean Marais qui vient d’être mobilisé

« Mon Jeannot,

Ici je vais de drame en drame et je supporte tout à cause de toi et de ton cœur. Willemetz abandonne son théâtre. Sans publicité, sans machinistes, nous ne savons que devenir. Il semble qu’il veuille tuer et interrompre le spectacle. En outre j’ai été roulé pour mon remède et j’y suis d’une très grosse somme car je dois rembourser Bébé [Christian Bérard, qui travaillera avec Cocteau sur La Machine infernale et La Belle et la Bête] sans qu’il le sache. Bref je cours à droite et à gauche avec mon œil qui sautille – et dans ces affreux dimanche je pense à toi et je me félicite que tu sois loin – que tu n’en subisses pas les conséquences. La bonne nouvelle c’est notre petit appartement [le 36, rue de Montpensier que Cocteau aménage progressivement] que j’ai et que je vais arranger pour toi.

107 [le chien qu’Yvonne de Bray a offert à Jean Marais, baptisé du nom de la compagnie où il est incorporé], j’ai peur qu’on doive le donner à ce type de Versailles car il ne guérit pas et ses crises reprennent ; je vais partir demain chez toi mais si le théâtre exige ma présence j’irai la semaine prochaine. Aide moi par ta bonté, ta douceur, tes lettres merveilleuses.[en marge] Puisque je t’ai, j’ai tout. » 

Jean Cocteau et Jean Marais s’étaient rencontrés en 1937. Le 14 décembre de l’année suivante, la pièce Les Parents Terribles était créée au Théâtre des Ambassadeurs, avant d’être transférée aux Bouffes Parisiens d’Albert Willemetz.

En septembre 1939, Jean Marais est mobilisé sur le front et affecté dans la Somme, à la 107e compagnie, dont Coco Chanel sera la marraine de guerre. Il occupe un poste de guetteur depuis le clocher de l’église Saint-Pierre de Roye, où Jean Cocteau lui écrit quasi quotidiennement.

Dans le même temps, Cocteau sous-loue leur appartement du 19, place de La Madeleine, au sculpteur Fenosa, le jugeant trop grand, trop vide et trop coûteux. Il se partage entre le Ritz, aux frais de Coco Chanel, et l’hôtel Beaujolais, où il retrouve le décorateur et costumier Christian Bérard, surnommé « Bébé ». Après la démobilisation, Marais et Cocteau s’installeront au 36, rue de Montpensier, situé face à l’appartement de Colette, et où habitent également Emmanuel Berl et son épouse, la chanteuse Mireille.

Marge droite irrégulière, voir photo.