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Jean JAURÈS – Intéressante L.A.S. au sujet d’un poème de Francis Jammes

Lettre autographe signée [à Francis Jammes ou Henry Février] – S.l.n.d. [vers 1900] – 4 pp. in-12.

 

« Vous avez pénétré l’univers tout entier d’un souffle moral et salubre. C’est dans notre temps de panthéisme banal et d’impressionnisme, un essai presque audacieux »

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Jean JAURÈS (1859 – 1914) – Homme politique

Lettre autographe signée [à Francis Jammes ou Henry Février] – S.l.n.d. [vers 1900] – 4 pp. in-12.

Éclairage inhabituel sur la sensibilité religieuse d’une haute figure du socialisme

« Monsieur (Février) [au crayon, d’une autre main, en référence au compositeur Henry Février qui a mis en musique la Prière VI, dont il est question ici]

J’ai lu hier, avec un vif plaisir, dans le recueillement d’une après-midi de campagne le volume que vous m’avez envoyé. J’ai été très sincèrement frappé de l’accent personnel et ému, et de la largeur biblique de la forme. Vous avez su rajeunir quelques grandes et familières images : je me suis ressouvenu parfois, en vous lisant, de la traduction des Psaumes de Corneille. Ce que j’aime peut-être le mieux (puisque vous me permettez de vous parler aussi ouvertement) c’est la VIe prière où je trouve un accent très personnel dans un thème très religieux et très large sur la douleur. J’aime beaucoup aussi les larges et vaillantes stances de la page 19.

C’est une tentative hardie que vous avez faite là, Monsieur, une poésie qui n’a presque rien de naturaliste, j’entends par là qui ne chante presque jamais la nature pour elle-même. Vous avez pénétré l’univers tout entier d’un souffle moral et salubre. C’est dans notre temps de panthéisme banal et d’impressionnisme, un essai presque audacieux et où je vous félicite bien sincèrement au courant d’une plume très occupée, d’avoir réussi. Votre œuvre sera, je crois, une part sérieuse et durable de l’immense effort de renouvellement religieux et moral qui marque notre temps.

Agréez, Monsieur, avec mes remerciements, mes meilleurs sentiments. » 

Francis Jammes fait paraître ses Quatorze prières en 1898, rattaché à son recueil De l’Angélus de l’Aube à l’Angélus du Soir. Henry Février (1875-1957) mettra en musique plusieurs pièces de ce recueil en 1908 : La Prière VI : Prière pour aimer la douleur, mais aussi Prière pour qu’un enfant de meure pas ! et Prière pour avoir une femme simple.

 

Petite fente au pli, voir photos.