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[Jean-Paul SARTRE] – Lettre autographe signée de Raymond BUSSIÈRE à Sartre (1957)

Lettre autographe signée adressée à Jean-Paul Sartre – Paris, 22 février 1957 – 2 pp. in-4, à son adresse ; annotations d’une autre main : « Levi et Moravia ».

 

« il me semble possible qu’un PC digne de ce nom puisse dans un cas particulier – sacrifier l’intérêt immédiat de son prolétariat à l’intérêt du prolétariat mondial »

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Raymond BUSSIÈRE (1907-1982) – Acteur, scénariste et producteur

Lettre autographe signée adressée à Jean-Paul Sartre – Paris, 22 février 1957 – 2 pp. in-4, à son adresse ; annotations d’une autre main : « Levi et Moravia ».

Belle lettre politique de l’acteur, ancien militant communiste, défendant l’internationalisme prolétarien

« Noyé de travail, je viens seulement de lire les T.M. [Les Temps modernes, revue fondée en 1945 par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir] et particulièrement votre remarquable article. Merci. Enfin une explication du « comment cela fut-il possible ». Ce que je peux vous dire de mieux c’est qu’elle me confirme dans mon impression – mon désir ? que le socialisme – malgré les erreurs du stalinisme – reste valable.

Adhérent du PC en 1929 je l’ai quitté en 1938 en disant – entre autres choses – « Pourquoi mentez-vous ? La vérité est révolutionnaire ». Pourtant je voudrai vous faire part d’une impression ressentie à la lecture des articles des « opposants » des PC français, italiens, polonais ou autres. C’est l’abandon de « l’internationalisme prolétarien » en faveur « d’une voie nationale vers le socialisme ». Oh, je comprends très bien que contre la prédominance du PC russe et contre l’impérialisme de l’URSS, la réaction soit « tactiquement » nationale en France les luttes de la résistance et de la libération avaient crée une psychose nationale – Mais la meilleure solution théorique n’est-elle pas un retour à un vrai « internationalisme prolétarien » – Ou, plus exactement, ne devrait-on pas toujours préciser, quand on parle de voie nationale,… « dans le cadre de l’internationalisme prolétarien – car il me semble possible qu’un PC digne de ce nom puisse dans un cas particulier – sacrifier l’intérêt immédiat de son prolétariat à l’intérêt du prolétariat mondial.

Vous souvient-il de certains mots d’ordre nationalistes du PC français qui à mon avis étaient contre-révolutionnaires. Comme l’ordre donné aux dockers du Havre ?- en 1945 ou 1946 de ne pas décharger du sucre destiné aux allemands sous prétexte que l’on manquait de sucre en France…Comme le célèbre « Chacun son boche » La solution n’est-telle pas dans la re-création d’un vrai Komintern ? Était-il bien nécessaire de vous envoyer cette lettre… ? Si ce n’est pour vous dire encore mon admiration […] »

Co-fondateur du groupe Octobre, militant actif du Parti Communiste, Raymond Bussière se rend en URSS en 1933 avec Jacques Prévert et sa troupe de théâtre, il prend ensuite ses distances constatant les dérives du Stalinisme et quitte le parti en 1938.

 

Bon état, voir photos.