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[LITTÉRATURE]. Thomas NARCEJAC – Belle lettre à Michel de Saint Pierre

Lettre autographe signée [à Michel de Saint Pierre] – S.l., [1954], Dimanche 23 – 2 pp. in-8.

 

« Si vous pouvez m’épauler un tout petit peu, j’ai enfin une chance d’échapper à ma réputation d’auteur policier et, à ce moment, de rompre avec tous les gens qui me tiennent. »

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Thomas NARCEJAC (1908 – 1998, né Pierre Ayraud) – Écrivain, auteur de romans policiers

Lettre autographe signée [à Michel de Saint Pierre] – S.l., [1954], Dimanche 23 – 2 pp. in-8.

Belle lettre à propos de la course aux prix littéraires et ses doutes sur son orientation de carrière

«  J’ai suivi, avec l’anxiété du supporter fidèle, les péripéties de la course aux prix ! Pour moi, « Les Aristocrates » devaient arriver dans un fauteuil ! Honte aux jurys ! D’ailleurs, ils sont tous républicains ! Vous avez été repêché par les libraires de France ; c’est gentil évidemment, mais ce n’est pas ce que nous espérions ! Heureusement, vous avez encore plus d’un livre dans votre sac et, en décembre prochain, n’est ce pas… Puisqu’il n’est pas trop tard pour former des vœux, c’est le Goncourt que je vous souhaite, de tout cœur ! Pour moi, eh bien, j’ai été grippé et je viens juste de faire surface. Je médite un roman sur les jeunes d’une petite ville de province : « La Gourme ». Mon dernier « Le Grand Métier » que je n’ai qu’arraché à Nielsen, a été jugé favorablement à La Revue des 2 Mondes et je crois savoir (mais la Revue est un petit Vatican où tout se chuchote entre initiés) que l’on songe à moi pour le prix de la Mer et de l’Outremer. Si vous pouvez m’épauler un tout petit peu, j’ai enfin une chance d’échapper à ma réputation d’auteur policier et, à ce moment, de rompre avec tous les gens qui me tiennent. Mais je n’ose espérer ! Je vous enverrai le texte du Grand Métier [qui paraît en 1955 aux Presses de la Cité] dès qu’il sera imprimé. De toute façon, je suis résolu, si je rate encore une fois mon coup, à changer carrément de nom et à repartir à zéro. Mais c’est un peu dommage […] »

Joint : 3 tapuscrits (doubles dactylographiés) de Michel de Saint Pierre adressés à Thomas Narcejac (mai et juin 1954) au sujet de ses œuvres et du soutien qu’il souhaite lui apporter.

Thomas Narcejac fera finalement une brillante carrière dans le genre policier en association avec Pierre Louis Boileau, sous le nom de plume commun Boileau-Narcejac. Il publia toutefois quelques romans « en solitaire », dont Une Seule Chair (1954) ou Le Grand Métier (1955) ; il a reçu le Prix du Roman d’aventure en 1948 pour La Mort est du voyage.

Le roman de Michel de Saint Pierre (1916-1987) Les Aristocrates a été porté à l’écran en 1955 par Denys de La Patelllière, avec entre autres Pierre Fresnay et Brigitte Auber.

Bon état, voir photos.