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Louis PASTEUR – Les difficultés à obtenir la stabilité du vaccin charbonneux

Lettre autographe signée adressée à Émile Duclaux, son proche collaborateur – Paris, le 30 juin 1882 – 1 p. ½ in-8.

 

« L’insuccès que vous me signalez est incompréhensible. »

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Louis PASTEUR (1822 – 1895) – Chimiste et biologiste, découvreur du vaccin contre la rage

Lettre autographe signée adressée à Émile Duclaux, son proche collaborateur – Paris, le 30 juin 1882 – 1 p. ½ in-8.

Sur la difficulté à interpréter les résultats de la vaccination

« Tout d’abord une question : le télégraphe va-t-il au Fau ? J’avais l’intention de vous envoyer un télégramme mettant à votre disposition la somme que vous pouvez désirer et quand vous la désirerez.

L’insuccès que vous me signalez est incompréhensible. Un autre tout semblable est arrivé près de Meaux à la suite de la vaccination du jeudi 22 : 28 morts sur 150. Vaccination par M. Butel [vétérinaire à Meaux, il propagea activement la vaccination et vint en aide aux collaborateurs de Pasteur]. Le vaccin l a été injecté le mercredi et en même temps qu’à Meaux. Durand à Etampes, Bouvet à Voves, Fournier à Angerville, Henry à Dammarville, Roquebrune à Salon, Beauvais à Gringneville, c’est-à-dire à 295 vaches et 1475 moutons. Pas une seule plainte n’a été signalée. Pas de plaintes les autres 23 jours précédents et les jours suivants. Chamberland qui a mis en tubes ne peut s’expliquer une erreur de sa part. Mais elle doit exister. Il a dû envoyer du deuxième vaccin pour le premier et vous et M. Butel aurez reçu des tubes sortant du même ballon de culture ! Peut-être ce ballon avait exceptionnellement une impureté ! Mais laquelle et pourquoi une telle action ? Tout est possible cependant de ce côté ! Malgré la surveillance sévère exercée sur le pureté des cultures.

Dans tous les cas suivez votre essai et vaccinez une dizaine de moutons de la même race. Vous me dîtes que vous partez pour mercredi ; mais vous ne demandez pas de vaccins. Vous l’avez donc demandé à Boutroux. La forme de votre rédaction ne me paraît pas exiger que je vous fasse adresser le vaccin nécessaire (+)

Bien à vous, mon cher Duclaux

(+) Tenez pour mon [?] ces dernières lignes. Boutroux m’apporte votre dernière lettre de commande. Boutroux vous adresse un mandat-poste de 350frs »

Un an plus tôt, en mai 1881, pour répondre aux demandes pressantes de vaccin de la part des éleveurs et vétérinaires, Pasteur avait réalisé une expérience de vaccination contre le chardon sur une population de 50 moutons avec un certain succès (expérience de Pouilly-Le-Fort). La mortalité chez les animaux était réduite à moins de 1% contre 10% sans vaccination. Son vaccin présentait toutefois certaines faiblesses, offrant une protection de courte durée et présentant une forte instabilité, ceci conduira à son abandon progressif.

En mai-juin 1882, avec l’explosion de la demande, ceci d’autant plus qu’un décret de juin 1882 avait inscrit le vaccin charbonneux dans la loi de police sanitaire des animaux, Pasteur doit organiser la production et la distribution des vaccins à grande échelle. Des accidents vaccinaux se produisent, en France et à l’étranger, ce constat impose à Pasteur de revenir sur le postulat de la fixité des vaccins.

Physicien et biologiste, Émile Duclaux (1840-1904) fut un proche collaborateur de Louis Pasteur et lui succédera à la tête de l’Institut à son décès. Il sera élu à l’Académie des Sciences en 1888.

 

Quelques infimes rousseurs, voir photos.