Marcel PROUST – Belle lettre inédite à la maîtresse de son frère (1916)
Lettre autographe signée adressée à Madame Fournier – [Paris, 16 octobre 1916] – 3 pp. in-8, enveloppe conservée.
« J’espère que la guerre vous aura été moins impitoyable qu’à moi et n’aura pas fait tomber pour vous, comme elle a fait pour moi, tous vos meilleurs amis. Heureusement l’être qui m’est le plus cher, mon frère, a été préservé. »
Vendu
Marcel PROUST (1871 – 1922) – Écrivain
Lettre autographe signée adressée à Madame Fournier – [Paris, 16 octobre 1916] – 3 pp. in-8, enveloppe conservée.
Marcel Proust assure la liaison entre son frère mobilisé sur le front et sa maîtresse
« Mon frère me charge de vous faire parvenir cinq cents francs qu’il vous devait. Je me permets de les inclure dans cette lettre. – J’espère que la guerre vous aura été moins impitoyable qu’à moi et n’aura pas fait tomber pour vous, comme elle a fait pour moi, tous vos meilleurs amis. Heureusement l’être qui m’est le plus cher, mon frère, a été préservé. Mais je crains pour sa santé les terribles fatigues que son courage lui fait non seulement accepter, mais chercher. Du moins, il me revient de tous côtés qu’il fait un bien infini aux blessés. Et ils sont réconfortés par sa douceur qui peut être très grande, comme chez tous les êtres vraiment braves. Veuillez agréer, Madame, mes bien respectueux hommages. »
Robert Proust (1873-1935) était le frère cadet de Marcel et un médecin réputé ayant notamment exercé à l’hôpital Tenon et à l’hôpital Broca. Avec l’aide de Jacques Rivière et de Jean Paulhan, il se chargera de la publication des volumes de La Recherche qui n’étaient pas encore parus dont il établira le texte à partir des cahiers laissés par son frère. Avant sa mort il eut soin de faire également éditer cinq volumes de sa correspondance.
Pendant la guerre, Robert est mobilisé sur le front comme médecin chirurgien auprès des blessés et sera considéré comme un héros de guerre. Il porte secours aux soldats, sous les bombes, dans un des « auto-chir » (petit bloc opératoire mobile de campagne). Marcel n’étant pas mobilisable en raison de son asthme et de sa santé fragile, son frère le charge de veiller sur son épouse Marthe, et sur leur fille Adrienne et de faire, comme ici, le lien avec sa maîtresse, Madame Fournier, également femme de médecin.
Lettre absente de la Correspondance de Marcel Proust publiée par Philip Kolb (Plon 1970-1993).
Bon état, voir photos.