Marcel PROUST et l’univers médical de son père
Lettre autographe signée adressée à Maurice de Fleury – [Paris, le 13 ou 20 décembre 1904], Mardi – 3 p. ½ in-12, sur papier de grand deuil, suite au décès de son père, le professeur Adrien Proust, le 26 novembre 1903.
« Vous m’avez écrit l’autre jour « mon cher ami » et cette fois-ci « cher Monsieur et ami » j’espère que cette différence est fortuite et ne reflète aucune nuance défavorable d’intention ce qui me serait très pénible. »
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Marcel PROUST (1871 – 1922) – Écrivain
Lettre autographe signée adressée à Maurice de Fleury – [Paris, le 13 ou 20 décembre 1904], Mardi – 3 p. ½ in-12, sur papier de grand deuil, suite au décès de son père, le professeur Adrien Proust, le 26 novembre 1903.
À propos des élections à l’Académie de médecine
« J’allais justement vous écrire quand j’ai reçu votre lettre et vous écrire ce que vous me dîtes. Que je vous croyais M.Netter [le biologiste Arnold Netter (1855-1936), médecin et biologiste qui collabora avec Adrien Proust sur un Traité d’hygiène en 1902] acquis pour le second tour. C’est ce qui me paraît du moins résulter du récit que Maman me fait de l’entretien qu’elle a eu avec Monsieur Netter, venu la voir et la prier de me dire qu’il avait reçu ma lettre et en avait été très touché. Il a promis, me dit Maman, sa voix pour le premier tour à M. Bertillon [J. Bertillon était directeur des statistiques de la ville de Paris et président de la Société d’hydrologie, aucune voix ne se portera sur son nom, à aucun des trois scrutins] mais il paraît très bien disposé pour vous pour le second tour. Il regrette pour vous la candidature inopinée de M. Chamberlan qui pourrait vous enlever quelques voix pastoriennes qui vous étaient acquises. J’espère que non. Pendant que M. Netter était là, mon frère l’ayant appris a fait téléphoner pour qu’on lui dise bien combien personnellement il avait à cœur que vous accédiez cette fois à l’Académie. Étant donné ce que vous me dîtes je n’ose pas écrire à M. Duplay. Je ne pense pas que ma lettre pourrait être le moins du monde inopportune, mais enfin puisqu’il vous a promis, j’aurais trop peur. Si vous voyez d’ici là d’autres académiciens à qui vous pensiez que je puisse écrire je le ferais très volontiers. Vous m’avez écrit l’autre jour « mon cher ami » et cette fois-ci « cher Monsieur et ami » j’espère que cette différence est fortuite et ne reflète aucune nuance défavorable d’intention ce qui me serait très pénible. Croyez, cher Monsieur à mes sentiments de bien entier et très reconnaissant dévouement. »
Le neurologue-psychiatre Maurice de Fleury (1860-1931) sera bien élu à l’Académie de médecine, mais le 11 mai 1909. Les élections dont il est question ici se tiennent à la suite du décès du biologiste proche de Louis Pasteur, Émile Duclaux et auront lieu le 27 décembre. Elles aboutiront, au terme de trois tours de scrutin, à la nomination de Charles Chamberland (1851-1908), biologiste et physicien, qui s’était illustré également auprès de Louis Pasteur par ses travaux sur les techniques de stérilisation (filtre de Chamberland). Il avait assisté avec Adrien Proust à l’inauguration du monument Pasteur à Chartres le 7 juin 1903.
Références : Correspondance de Marcel Proust, Philip Kolb. T. I, page 2027, Plon, 2023.
Petites fentes aux plis, sans atteinte au texte, voir photos.