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Maurice RAVEL – Émouvante lettre de vœux à Marie Gaudin (1933)

Lettre autographe signée adressée à son amie Marie Gaudin – Le Belvédère (Montfort-l’Amaury), 3 janvier 1933 – 1 page in-12, au format carte-lettre, à son monogramme gaufré, adresse au verso.

 

« Mais enfin, je recommence à travailler, ce dont je désespérais. »

 

 

Vendu

Maurice RAVEL (1875 – 1937) – Compositeur

Lettre autographe signée adressée à son amie Marie Gaudin – Le Belvédère (Montfort l’Amaury), 3 janvier 1933 – 1 page in-12, au format carte-lettre, à son monogramme gaufré, adresse au verso.

Touchante lettre de vœux, d’une écriture douloureuse

« Chère Marie, Je ne suis pas trop en retard cette année, n’est-ce pas ? Enfin, il y a un progrès. J’ai lu votre lettre dans le train, samedi, me rendant à Levallois où Edouard [son frère cadet] se préparait à fêter la nouvelle année avec une grippe fadée et Madame Bonnet en se soignant à l’homéopathie, ce qui a l’air de lui réussir, d’ailleurs.

Quant à moi, je ne suis pas encore prêt à recommencer le looping en taxi. Je dois d’abord fréquenter les instituts de Beauté : je ne saurais me raser sans m’écorcher deux coins de la gueule. Mais enfin, je recommence à travailler, ce dont je désespérais. Je vous souhaite, à Madame Gaudin, à vous et à Bibi [Gracieuse Billac (1824-1902), marraine et tante de Maurice Ravel], toutes sortes de prospérités et me souhaite de vous voir au Belvédère. N’oubliez pas de me prévenir ! Mille muchus [“baisers”, en basque], et à bientôt.

Pas encore reçu la plaquette. Il est vrai que le courrier est assez fantaisiste en ce moment. »

La lettre porte les traces de la maladie dont souffrira Maurice Ravel pendant les dernières années de sa vie, ratures, hésitations, répétitions et reprises du tracé en de nombreux endroits.

Les origines et la nature de cette pathologie font toujours débat, maladie neurologique ou conséquence d’un choc subi lors d’un accident de taxi en 1932. Selon plusieurs témoignages, les troubles apparaissent dès 1927, alors qu’il se plaint régulièrement de nausées. En décembre 1928, il est victime d’un trou de mémoire pendant l’exécution de sa Sonatine à l’ambassade de France à Madrid et en juin 1933, en vacances à Saint-Jean-de-Luz avec Marie Gaudin justement, il devra être rapidement secouru après avoir oublié qu’il savait nager… Progressivement d’autres symptômes vont se manifester, troubles du langage ou de l’écriture, sources d’une grande souffrance pour un artiste aux facultés exceptionnelles. En février 1934 il sera admis à la clinique « Mon repos » de Vevey, en Suisse, pour y être soigné. 

Trois autres lettres adressées à Marie Gaudin suivront, en août 1933, puis mars et avril 1934.

Références : Maurice Ravel – L’intégrale, Manuel Cornejo (Le Passeur, 2018) – page 1300, n°2433.

Bon état, voir photos.