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Max ERNST – Son désarroi alors qu’il vient d’être arrêté (1939)

Lettre autographe signée adressée à Mon cher Joe [Joë Bousquet] – Dépôt 753P. Nîmes (Gard), [1939] – 2 pp. in-4, au crayon.

 

« Que deviendront tous nos beaux travaux et nos beaux projets ? »

 

 

Vendu

Max ERNST (1891 – 1976) – Peintre et sculpteur

Lettre autographe signée adressée à Mon cher Joe [Joë Bousquet] – Dépôt 753P. Nîmes (Gard), [1939] – 2 pp. in-4, au crayon.

Rare lettre écrite au début de la Seconde Guerre mondiale, alors qu’il vient d’être arrêté comme « étranger ennemi »

« Terriblement affligé, mais non brisé, par les événements. Je n’ai pu répondre à ta dernière lettre parce que au moment même de la recevoir (ou presque) je fus de nouveau mis en détention. Tout se précipite. Leonora a dû fuir. Elle est encore à Andorre (Hôtel de France), espère pouvoir passer au Portugal. La maison perdue, ou presque, mais je ne sais rien de précis encore. J’y avais passé, de janvier à mai, un temps de travail acharné, temps délicieux. Tu aimeras ces tableaux – à coup sûr les plus réels de tous ceux que j’aie jamais faits.

O Joë, si tout cela était fini, quelle tristesse ! maintenant, tu m’avais avec ta spontanéité amicale bien connue offert ton aide en cas de besoin. Ce cas de besoin pourrait se présenter pour moi prochainement de façon urgente. Je te le ferai savoir.

As-tu des nouvelles de James ? Est-il démobilisé ? Crois-tu qu’il veuille m’héberger chez lui pendant quelques temps si c’était nécessaire. Je pense rentrer d’abord à St. Martin d’Ardèche après ma libération problématique (hélas mais il se pourrait que les choses y prennent un tour imprévu).

Que deviendront tous nos beaux travaux et nos beaux projets ?

Écris-moi, dis-moi que tu es en bonne santé et que tu travailles. Ton ami. »

Alors qu’il vient d’être arrêté et placé en détention, Max Ernst est inquiet pour ses proches, Leonora Carrington qu’il avait rencontrée deux ans plus tôt et avec qui il était parti s’installer dans leur maison de Saint-Martin-d’Ardèche, mais aussi pour cette maison perdue dont il venait d’achever la décoration.

Il envisage également de faire appel à leur ami commun, James Ducellier, alors président de la Chambre de commerce de Carcassonne et avec qui Joë Bousquet avait noué une amitié solide, forgée dans leur passé commun de combattants de la Grande Guerre.

Max Ernst devra attendre août 1940 pour parvenir à s’enfuir, avec l’aide de Peggy Guggenheim, qu’il épousera l’année suivante.

Légèrement froissée, bon état général, voir photos.