NAPOLÉON III – Ses calculs politiques depuis son exil suisse
Lettre autographe signée « L N B » [adressée à la veuve de Michel-Louis-Étienne Regnaud de Saint-Jean d’Angély (1760-1819), Laure Guesnon de Bonneuil] – A. le 17 août 1838 [château d’Arenenberg, canton de Thurgovie, Suisse] – 1 page sur un feuillet double in-8, en-tête gaufré « H », de la reine Hortense de Beauharnais.
« Vous alliez-vous à l’Angleterre, il faut renoncer à la frontière du Rhin ; vous alliez-vous à l’Autriche, il faut renoncer à l’Italie ; enfin vous alliez-vous à la Russie, il faut renoncer à la Pologne ! »
Vendu
NAPOLÉON III (1808 – 1873) – Homme d’État
Lettre autographe signée « L N B » [adressée à la veuve de Michel-Louis-Étienne Regnaud de Saint-Jean d’Angély (1760-1819), Laure Guesnon de Bonneuil] – A. le 17 août 1838 [château d’Arenenberg, canton de Thurgovie, Suisse] – 1 page sur un feuillet double in-8, en-tête gaufré « H », de la reine Hortense de Beauharnais.
Belle lettre de réflexion politique depuis la Suisse
« J’ai reçu avec reconnaissance la note que vous m’avez envoyée et je l’ai lue avec le plus grand intérêt. Je compte suivre entièrement ce plan-là, non seulement vis-à-vis de l’Angleterre, mais aussi envers les autres puissances, car il faut sonder le terrain pour trouver des appuis. Or, pour la France, il y a trois alliances qui offrent toutes des avantages et des désavantages. Vous alliez-vous à l’Angleterre, il faut renoncer à la frontière du Rhin ; vous alliez-vous à l’Autriche, il faut renoncer à l’Italie ; enfin vous alliez-vous à la Russie, il faut renoncer à la Pologne !
Ainsi donc lorsque cette brochure se publiera à Londres [Des idées Napoléoniennes, son essai qui paraît en 1839], je paraîtrai toujours y être étranger. Je suis bien heureux, Madame, de l’intérêt que vous me témoignez, croyez que j’y attache un grand prix. Je ferai aussi tout mon possible pour suivre le second conseil que vous me donnez dans votre dernière lettre. Recevez l’assurance de ma haute estime et de mes sentiments distingués. »
Au début du mois d’août 1838, le gouvernement français avait demandé l’expulsion de Suisse du prince Louis-Napoléon. Cette décision était prise en réaction à la parution d’une brochure parue en juin faisant l’apologie du bonapartisme, centré sur les thèmes de la nation, du peuple et de l’autorité. Tirée à 10.000 exemplaires, elle était l’œuvre de l’ex-lieutenant Armand Laity, apparenté par alliance à la famille Beauharnais, et financée par le futur Napoléon III. Laity sera arrêté, jugé pour attentat contre la sûreté de l’État et condamné à cinq ans d’emprisonnement et 10.000 francs d’amende.
Le gouvernement français va jusqu’à menacer la Suisse de rupture des relations diplomatiques, voire d’une guerre (une armée de 25.000 hommes prend position dans le Jura). L’incident prend fin lorsque, le 22 août, Louis-Napoléon annonce son intention de s’installer en Angleterre, sans manquer toutefois de publier Les Idées napoléoniennes, qui détaille son programme politique et exalte la mémoire de Napoléon Ier.
Le petit château d’Arenenberg, dominant le lac de Constance, était la propriété de sa mère la reine Hortense, interdite de séjour en France car accusée à tort d’avoir comploté en faveur du retour de Napoléon Ier de l’île d’Elbe. L’ex-reine Hortense de Hollande en avait fait l’acquisition en 1817, contrainte à l’exil par la loi du 16 janvier 1816 qui avait obligé tous les Bonaparte à quitter le territoire français. Le futur Napoléon III passa son enfance dans ce haut lieu bonapartiste qui fut aussi un salon littéraire, artistique et mondain couru.
Bon état, voir photos.