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Philippe SOUPAULT – Belle lettre sur la crise d’Abadan (1951)

Lettre autographe signée à son cher Marcel [Marcel Thiébaut, directeur de la Revue de Paris] – Luanda (Angola), 4 mai 1951 – 1 page in-8 à en-tête de l’Hôtel Angola.

 

« Tout de même, on a assassiné en plein jour, le premier ministre d’Iran qui était considéré comme l’homme fort de la Perse ! Tout de même les finances de la Perse sont par la volonté des anglais, en pleine déconfiture ! Etc…Etc.. »

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Philippe SOUPAULT (1897 – 1990) – Poète, journaliste et essayiste

Lettre autographe signée à son cher Marcel [Marcel Thiébaut, directeur de la Revue de Paris] – Luanda (Angola), 4 mai 1951 – 1 page in-8 à en-tête de l’Hôtel Angola.

Belle lettre sur la crise iranienne de 1951 exprimant son étonnement sur l’article d’une consœur

« Je reçois aujourd’hui votre lettre du 27 avril. Je ne vois pour ma part, absolument aucun inconvénient à repousser la suite de Mer Rouge [article consacré à l’Arabie Saoudite qui paraitra au mois d’août] d’un mois surtout si cela peut vous aider pour la Revue. Ce qui m’inquiète c’est [ce] que vous me dîtes de l’article d’Agnès Chabrier. J’étais au mois de juin dernier en Perse et malgré toute la politesse, la ruse, le décorum d’orient on sentait qu’il y avait un malaise très grave. A-t-elle été dans le Sud de la Perse, à Abadan notamment ? A-t-elle été au courant du mouvement Toudeh (soutenu par l’URSS) qui est interdit mais qui existe et même en action clandestine très forte, A-t-elle étudié l’incompréhensible et paradoxale politique anglaise en perse ? N’a-t-elle pas été étonnée de l’aveuglement américain ? N’a-t-elle pas entendu parler des manœuvres et des pressions russes ?
Tout de même, on a assassiné en plein jour, le premier ministre d’Iran qui était considéré comme l’homme fort de la Perse !
[le 7 mars, le général-premier ministre Haj Ali Razmara avait été abattu par un membre du Fedayin de l’Islam, Khalil Tahmasbi] Tout de même les finances de la Perse sont par la volonté des anglais, en pleine déconfiture ! Etc…Etc..
Je m’excuse, cher Marcel, de vous écrire ainsi du fond de l’Afrique mais je suis étonné de votre lettre me disant qu’il ne s’est peu ou rien passé. On a (assassiné) des anglais à Abadan. Je continue mon voyage avec intérêt. Mais quelle chaleur ! Cinq douches par jour. Et des milliers de kilomètres en avion. J’ai souvent de vos nouvelles par Muriel
[Muriel Reed]. Je suis heureux de savoir que vous allez de mieux en mieux. Toutes mes amitiés. »

Située dans la province du Khuzistan, la ville d’Abadan (en persan : آبادان) fut le théâtre d’une crise majeure entre 1951 et 1954 suite à la nationalisation par l’Iran des installations de l’Anglo-Iranian Oil Company (AIOC) en mars 1951 et à l’expulsion des sociétés pétrolières britanniques.. La crise politique culmine avec la tentative de coup d’état des services secrets britanniques et américains (opération Ajax), l’exil du chah Mohammad Reza Pahlavi et se solde par le renversement du premier ministre Mohammad Mossadegh. La crise prend fin avec la signature de nouveaux contrats pétroliers avec les compagnies occidentales en octobre 1954, accords conclus pour une durée de 25 années, dont le terme coïncidera avec le déclenchement de la révolution islamique iranienne.

Le Tudeh (en persan : حزب توده ایران, Hezb-e Tudeh-ye Iran) fut une composante majeure de la vie politique iranienne jusqu’aux purges de la République islamique sous l’ayatollah Khomeini. Parti communiste iranien, fondé en 1941, il était proche du parti communiste de l’Union soviétique.

La journaliste Agnès Chabrier fit paraître deux articles dans la Revue de Paris sur ce sujet : Irak et Iran (juin) et De Chiraz à Téhéran (juillet).

Bon état, voir photos.