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Pierre DRIEU LA ROCHELLE – Correspondance sentimentale et littéraire (1921-1922)

Belle correspondance de 4 lettres autographes signées adressées à Marcelle Pellet [épouse du critique littéraire et académicien André Chaumeix, directeur de La Revue de Paris de 1920 à 1926] – [Paris, juin 1921/août 1922] – 5 pp. ½ in-4 obl., 4 enveloppes conservées.

 

« C’est si étrange pour moi un autre être. Cela doit être au moins curieux. »

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Pierre DRIEU LA ROCHELLE (1893 – 1945) – Écrivain

Belle correspondance de 4 lettres autographes signées adressées à Marcelle Pellet [épouse du critique littéraire et académicien André Chaumeix, directeur de La Revue de Paris de 1920 à 1926] – [Paris, juin 1921/août 1922] – 5 pp. ½ in-4 obl., 4 enveloppes conservées.

Échanges littéraires et sentimentaux

– Au sujet de l’envoi de « contes tendancieux » : « Je vous envoie ces trois petits contes, tendancieux ou équivoques. Voulez-vous les montrer à votre mari. Je les ai écrits, il y a deux ou trois ans et je les retrouve en fouillant ma malle […]. Que préférez-vous comme titre à donner à cette suite “trois contes tendancieux” ou “équivoques” ou rien du tout ? »

– Lettres sentimentales : « Je tiens, déjà et beaucoup, à votre amitié. Je crains le dégoût et le découragement que vous avez emportés. J’espère dans votre bonté. Je suis tranquillement chez moi, ce soir, et je travaillerai un peu.
Il faudra beaucoup moins parler de moi et plus de vous. C’est si étrange pour moi un autre être. Cela doit être au moins curieux. Il faudrait mieux peut-être qu’il n’y ait pas de femme dans ma pièce. Telle que je vous en ai parlé, elle est improbable, pas vraie. Croyez-un peu à ma gratitude. »

« Pourquoi ne pas me répondre ? Sans doute avez-vous raison. Je n’ai certes aucun droit à votre réponse. Du reste réflexion faite, je n’ai pas besoin que vous répondiez.
Pourtant comment passez-vous l’été ? Très seule ou faîtes-vous se multiplier les visites. Vos dernières lectures furent-elles de belles découvertes ?
Je viens de parcourir le livre de Vaudoyer qui vraiment me fait de la peine. Pas un cri, pas un soulèvement, tout le temps le ronron des réminiscences. Et pas un mot qui hurle, pas une image qui vous déplace parmi les choses. Je pagaye sur ma périssoire tous les matins, tout nu, c’est bon. Ma pièce prend forme sensiblement. Cette vie régulière commence à me donner ses bienfaits. Allons à un autre jour. »

Puis sur une seconde page, après avoir reçu une réponse de sa correspondante : « Je viens de recevoir les quelques lignes dont la condescendance fait une trop faible ironie. Merci. Nous sommes tous tour à tour trop paresseux pour nuancer les choses. J’attendais que vous souligniez les “chemises fines”. Je l’avais (littéralement) parié. Mes amis commencent à m’ennuyer. J’espère achever la charpente de ma pièce avant la fin de septembre. Mais arriverai-je à trouver le ton du dialogue. Aurai-je ce sens, ce tact ? »

– Abordant plus longuement les difficultés d’écriture de sa pièce : « Figurez-vous que cette année je puis me représenter vos ennuis physiques. La grande misère de l’Algérienne me fait entrevoir et un peu sentir mille inconvénients de la vie que je ne soupçonnais pas. J’ai moi-même peu souffert ou j’ai oublié les souffrances de la guerre. Je suis assez fier d’être sensible à quelques-uns de vos tracas.
Merci pour vos bons conseils. Cette pauvre pièce souffre d’un vice de conception. Je vous ai déjà dit que j’en avais inventé le sujet à un moment où je ne soupçonnais rien de la littérature objective, de l’existence du monde extérieur, de l’importance de mes contemporains.
Plus tard, je reprendrai ce sujet dans un roman mais pour le moment je ne puis plus réformer cette pièce qui est figée dans mon cerveau. J’écris une gde nouvelle :
La Femme au chien [la nouvelle sera reprise en 1934 dans le Journal d’un homme trompé]
Je vous quitte, j’ai rendez-vous avec un mannequin belle comme la Germania et récemment débarquée de Strasbourg. Je vous téléphonerai. Votre meilleur Drieu »

Marcelle Pellet-Chaumeix (1879-1954) publie le roman Jeux défendus dans la revue Demain de septembre 1924 ; cette revue mensuelle compte seulement 17 numéros et cesse de paraître en août 1925.

 

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