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Pierre DRIEU LA ROCHELLE – Trois L.A.S. sur sa Légion d’honneur

Exceptionnelle correspondance de 3 lettres autographes signées [au chancelier de la Légion d’honneur ?] – Paris, 20 au 30 juillet 1931 – 3 pp. ½ in-8 et 2 pp. in-4.

 

« Je regrette que cette institution conçue par un tyran n’ait pas encore été abolie par les représentants du peuple »

 

 

Vendu

Pierre DRIEU LA ROCHELLE (1893 – 1945) – Écrivain

Exceptionnelle correspondance de 3 lettres autographes signées [au chancelier de la Légion d’honneur ?] – Paris, 20 au 30 juillet 1931 – 3 pp. ½ in-8 et 2 pp. in-4.

 Importantes lettres, pour signifier son refus de la Légion d’honneur

  • Paris, le 20 juillet 1931 : « Vous avez bien voulu m’écrire au sujet d’une proposition à la Légion d’Honneur qui me concerne. J’ai le regret de vous avouer que la conception extrêmement libre que je me fais de l’art m’interdit de rechercher et aussi bien d’accepter tout honneur officiel.
    Au reste, je suis républicain et je regrette que cette institution conçue par un tyran n’ait pas encore été abolie par les représentants du peuple. […] »

 

  • Paris, s.d. : « Un ami, que je crois bien informé, m’assure que la proposition qui a été faite au ministre de ma nomination à la Légion d’Honneur n’a pas été retirée comme j’espérais qu’elle le serait à la suite de la lettre que je vous ai écrite. Je me permets de vous déranger à nouveau pour vous supplier de tenir compte de ma lettre, car j’ai horreur d’avouer le ridicule qu’il y aurait à refuser cette décoration, mais je suis pourtant tout à fait décidé à dire : Non, Merci. Mon dernier livre politique est en particulier tout à fait incompatible avec ce genre d’honneur [L’Europe contre les patries]. J’espère qu’il n’y a dans tout cela de ma part qu’une crainte sans fondement et que ma proposition est depuis longtemps au panier […] »

 

  • Paris, le 30 juillet 1931 : « Je suis heureux de la nouvelle dont vous voulez bien me faire part et je m’excuse encore de la vivacité indiscrète de mes démarches. Je sais bien que toutes les institutions forment des écheveaux compliqués et finalement absurdes et que je ne devrais pas m’élever contre l’une d’elles si je ne veux pas les rejeter toutes. Ce qui n’est pas dans mon inclination car j’ai horreur de l’attitude facile ou impossible de l’anarchiste. Il me faut donc m’en tenir, comme vous me le conseillez sagement, aux convenances personnelles pour repousser ce petit honneur. Quant au tyran et aux représentants du peuple, et bien je vous avouerai que les mythes républicains me paraissent avoir marqué de leur floraison les plus beaux moments de l’humanité que ce soit à Athènes, à Rome, à Florence, à Londres ou à Paris. Je regrette que s’éloigne ce moment irremplaçable où la nation d’aristocratie devient spirituelle et où les hommes de pensée l’offrent à un peuple qui n’est pas encore une plèbe comme une fleur à une Béatrice. Les moments d’idéalisme sont toujours des moments de plus grande vitalité. Je regrette que nous soyons obligés aujourd’hui de sourire tristement sur des mots qui ont été gonflés d’un vrai sang […] »

 

Quelques accidents marginaux, voir photos.