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RACHILDE – Belle L.A.S. à propos de sa mère malade (1908)

Lettre autographe signée adressée à Madame et chère Idole [Jane Catulle-Mendès] – Paris, 10 novembre 1908 – 4 pp. in-8 sur papier mauve.

 

« Ma Mère, qui fut internée durant un an à Charenton est aux environs de Paris ces jours-ci et je suis toujours sous le coup d’une dépêche m’annonçant quelque nouvelle catastrophe »

 

 

 

Vendu

RACHILDE (1860-1953) – Femme de lettres, salonnière

Lettre autographe signée adressée à Madame et chère Idole [Jane Catulle-Mendès] – Paris, 10 novembre 1908 – 4 pp. in-8 sur papier mauve.

Belle lettre où Rachilde évoque son lien douloureux avec sa mère

« Je préfère vous mettre au courant de la situation qui m’est faite en ce moment, Madame et chère idole, que de vous laisser supposer mon indifférence ou mon impolitesse. Ma Mère, qui fut internée durant un an à Charenton est aux environs de Paris ces jours-ci et je suis toujours sous le coup d’une dépêche m’annonçant quelque nouvelle catastrophe quand elle descend chez des amis ou qu’elle vient chez moi.

La vie devient alors tellement compliquée pour moi, qui dirige presque seule tout un train de maison difficile et qui suis obligée de faire le métier que vous savez, qu’il m’est impossible de dire, une heure à l’avance, ce que je pourrai faire l’heure suivante !… Toujours sous le coup d’une manifestation extravagante ou d’une scène d’attendrissement (d’ailleurs inutile) je dis que je vais là et je ne puis pas sortir. J’écris que je ne peux pas aller là et je suis libre l’instant d’après…

Cela me donne une tournure déséquilibrée mais je vous jure que le manque d’équilibre ne vient pas de moi. Oh ! Non ! J’ai reçu hier soir une dépêche m’annonçant une des catastrophes prévues et je pars pour la banlieue avec un médecin ce matin…

Et il m’a fallu courir beaucoup pour en trouver un de bonne volonté…en tant que spécialiste.

Voilà ! Plaignez-moi et comprenez-moi. J’avais de la peine à vous envoyer les mille regrets traditionnels. J’aime toujours mieux dire la vérité à ceux que j’aime. »

La mère de Rachide, Gabrielle Eymery, née Gabrielle Feytaud, appartenait à une vieille famille bourgeoise du Périgord et souffrait de troubles neurologiques ; elle sombrera dans la dépression, puis dans la folie, au point de finir ses jours à Charenton. Elle avait tenu un salon littéraire vers 1883 au 12, quai Bourbon, dans l’ïle Saint-Louis, que fréquentait notamment Maurice Barrès et avait guidé les premiers pas de sa fille dans les milieux littéraires où elle devait évoluer toute sa vie.

 

Bon état, voir photos.