René MAGRITTE – Belle lettre interrogeant le lien entre le mot et l’image

René MAGRITTE (1898 – 1967) – Peintre surréaliste

Lettre autographe signée RM sans doute adressée à son ami André Bosmans – Bruxelles, le 28 août 1961 – 1 page in-8, à son en-tête personnalisé.

Sur le lien entre le mot et l’image, au cœur des créations du peintre surréaliste

« Bien cher Ami,
J’ai reçu la copie de la “Fête permanente”, mais dans cette partie d’un nouveau recueil, vous avez supprimé :
… “le sol cet étrange accident”…
or “cet étrange accident” me semble toujours une des plus belles et fortes choses que je connaisse. Je serais curieux de savoir pourquoi vous l’avez abandonné ou si vous n’attachez aucun prix à cela – qui en a énormément pour moi ?
A jeudi, vous m’aiderez à rendre visite au photographe et en plus du paysage dont je vous ai parlé, qui doit s’appeler mieux que “le retour à la nature” je pourrai vous montrer la peinture murale que j’ai faite au Palais des Congrès et qui s’appelle “Les Barricades mystérieuses”. Bien à vous

(au lieu de permanente, j’avais envisagé d’appeler le tableau aux joueurs de football : “La fête continuelle”).»

René Magritte apportait un soin minutieux au choix du titre de ses œuvres. Une fois le tableau terminé, celui-ci faisait l’objet de nombreux échanges avec ses amis avant que son titre puisse être déterminé. La relation entre les mots et l’image, qui est centrale dans l’œuvre du peintre car déterminant son interprétation, est un sujet récurrent dans les échanges entre les deux amis. Il est question ici des Barricades mystérieuses, titre définitif, probablement de L’Amour de la Nature, Le Retour à la Nature n’étant pas retenu, et de Représentations, qui sera finalement préféré à La Fête continuelle. Ainsi pour Magritte « les titres des tableaux ne sont pas des explications et les tableaux ne sont pas des illustrations des titres. » 

Le poète liégeois André Bosmans (1922-2014) fut un fervent admirateur de l’œuvre de Magritte avec qui il entretint une riche correspondance. La revue Rhétorique, qu’il avait fondée quelques mois plus tôt, œuvra largement à la diffusion du surréalisme et des créations de Magritte en particulier, elle fut la principale revue surréaliste belge de l’après-guerre.

Bon état, voir photo.