Victor HUGO – Très belle lettre de recours en grâce pour son ami Thouret
Lettre autographe signée Victor Hugo adressée à Ludovic Vitet – Paris, 28 mars 1834 – 3 pp. ½ in-8, papier bleuté ; au verso, nom et adresse, marques postales et cachet de cire rouge conservé : Monsieur Ludovic Vitet, Secrétaire-général du ministère du Commerce à l’adresse du ministère.
« je prends sur moi de demander sa grâce, prenez sur vous de la lui faire accorder. Cela sera digne et beau. Antony Thouret a une mère, une femme et un enfant »
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Victor HUGO (1802 – 1885) – Poète et dramaturge
Lettre autographe signée Victor Hugo adressée à Ludovic Vitet – Paris, 28 mars 1834 – 3 pp. ½ in-8, papier bleuté ; au verso, nom et adresse, marques postales et cachet de cire rouge conservé : Monsieur Ludovic Vitet, Secrétaire-général du ministère du Commerce à l’adresse du ministère.
Demande de grâce pour son ami Thouret incarcéré à Saint-Waast
« Il y a en ce moment à Douai, dans la prison de St Waast, un pauvre prisonnier politique nommé Antony Thouret, détenu depuis deux ans déjà, c’est un brave et legal garçon jeté dans les opinions extrêmes par trop d’âme et de cœur. Il est en prison pour je ne sais combien de temps encore, et comme il est affligé d’un embonpoint énorme et qu’il a besoin d’exercice, lequel lui manque, il se meurt et ne sortira évidemment pas vivant de St Waast. Or il n’a commis qu’un délit de presse, et il n’est pas condamné à mort. Je le connais depuis longtemps, je vous le garantis homme d’honneur et de probité et républicain (inoffensif d’ailleurs) qui ne veut pas demander de grâce mais que sa grâce toucherait jusqu’au fond du cœur. Je fais cette démarche près de vous sans son avis, je prends sur moi de demander sa grâce, prenez sur vous de la lui faire accorder. Cela sera digne et beau. Antony Thouret a une mère, une femme et un enfant. J’écrirais bien à Monsieur Dûchesne mais je pense qu’il a sans doute oublié mon nom ; vous, je vous regarde toujours comme un ami. Parlez-lui. Il est ministre. Il doit bien pouvoir empêcher qu’un pauvre homme se meure de désemparement et de désespoir dans une prison pour avoir écrit quelques folies. Vous êtes puissant, aussi, veuillez, en plus être bon. Je vous recommande Thouret. Il y a quatre ans, vous m’avez demandé quelquefois pour des faveurs, et je vous les ai faites. Faites moi la grâce de Thouret. Je l’espère de tout mon cœur et je vous serre la main »
Après une éphémère carrière d’avocat, Antony Thouret (1807-1871), se consacre à l’écriture et s’engage en politique. Défenseur des idéaux républicains il fonde le journal La Révolution de 1830 et collaborera plus tard à La Réforme. Son opposition farouche à la Monarchie de Juillet qu’il exprime dans ses articles lui vaut un emprisonnement de 28 mois à Sainte-Pélagie, puis à La Force, puis à Douai. Hugo manifeste son soutien à son ami dès le début et ses efforts pour lui venir en aide seront constants, jusqu’à cette demande de grâce.
Suite au Coup d’État de 1851, comme son ami Hugo, Antony Thouret sera contraint à l’exil et s’installera quelque temps en Suisse.
Ludovic Vitet (1802-1873) débute sa carrière dans les lettres en collaborant entre autres au Globe et à la Revue française. Partisan de la monarchie constitutionnelle, une carrière politique s’ouvre à lui jusqu’au Second Empire : il devient inspecteur des monuments historiques, secrétaire général du ministère du Commerce, député de la Seine-Inférieure puis conseiller d’État. Il se retire de la vie politique après le coup d’État de 1851 pour se consacrer à l’art et à l’archéologie. Il reviendra brièvement aux affaires au même mandat de député en 1871.
Plis d’usage, un coin déchiré suite à l’ouverture, voir photos.