Arthur Rimbaud

Mémoire d'encres - Documents signés d'Arthur RIMBAUD (1854-1891), poète et aventurier

Poète, aventurier et commerçant, Arthur Rimbaud naît le 20 octobre 1854 à Charleville-Mézières et meurt à Marseille, le 10 novembre 1891, à 37 ans, peu après avoir été amputé de la jambe droite.

Poète au talent précoce, il produit son œuvre littéraire entre ses 15 et 20 ans, puis abandonne les lettres pour mener une vie d’aventurier au Moyen-Orient. Révolté contre l’ordre des choses, Rimbaud conçoit la poésie comme un moyen de le faire évoluer, avant d’y renoncer pour partir à l’aventure. Peu connu et peu reconnu de son vivant, ses premières publications n’apparaissent qu’en 1886, il ne connaîtra pas la gloire de son vivant.

Ses poèmes majeurs apparaissent dans trois recueils : Les Cahiers de Douai, Une saison en Enfer et Les Illuminations, où l’on peut trouver Le Dormeur du val, Ma bohème, Le Bateau ivre ou Voyelles qui comptent parmi les poèmes plus connus de la poésie française.

Arthur est le deuxième enfant de la famille qui en compte cinq, et seront élevés par leur mère seule, après le départ de leur père, capitaine d’infanterie (1860). Il fait ses études à Charleville-Mézières et remporte à 15 ans le premier prix du Concours académique.

En 1870, Rimbaud est initié à la poésie par son jeune professeur de rhétorique, Georges Izambard, qui lui ouvre sa bibliothèque personnelle et lui fait découvrir la poésie parnassienne. Son premier poème Les Étrennes des orphelins est publié. Il adresse à cette époque quelques poèmes à Théodore de Banville afin d’être publié dans Le Parnasse contemporain, mais en vain. En pleine guerre franco-prussienne, il écrit Le Dormeur du val. Déjà épris d’aventures, il fugue à Paris en août, puis vers la Belgique début octobre.

En 1871, Rimbaud envoie ses écrits à Paul Verlaine qui, touché par ses vers, l’invite à Paris, où il vit avec sa femme. Rimbaud le rejoint avec Le Bateau ivre en poche. Ils deviennent amants et mènent la vie de bohème pendant deux ans dans le quartier latin à Paris, puis à Bruxelles et Londres. Verlaine présente Rimbaud au groupe d’artistes des « Vilains Bonhommes », dont nous trouvons quelques membres représentés dans Un coin de table de Fantin-Latour (1872).

Le 10 Juillet 1873, leur liaison tumultueuse s’achève dans la violence, lorsque Paul Verlaine, en état d’ébriété, blesse Rimbaud au poignet par un tir de revolver. La justice belge condamne Verlaine à deux années de détention à la prison des Petits-Carmes. Le 19 octobre, Rimbaud achève et publie en Belgique à compte d’auteur son recueil de poésies Une saison en Enfer, dans laquelle il témoigne de sa souffrance. À 19 ans, il choisit alors de rompre avec la poésie, la motivation de cette décision étant toujours l’objet de spéculations.

En mai 1876, Rimbaud s’engage comme mercenaire pour réprimer une révolte dans l’ile de Sumatra, mais arrivé sur place, il déserte 15 jours plus tard. En 1877, il entreprend une série de voyages, qui le conduisent en Hollande, Suisse, Allemagne et Italie, où il travaille dans des petits commerces puis comme précepteur. Il séjourne ensuite un temps à Charleville en 1878, puis repart en voyage. On le retrouve à Chypre, en chef de chantier dans une carrière de pierres, mais, souffrant de fièvres, il est rapatrié dans les Ardennes, où il passe l’hiver, avant de repartir.

En 1880, Arthur rejoint Alexandrie, puis de nouveau Chypre, où il trouve un emploi de chef de chantier pour le gouverneur anglais, mais un incident avec les ouvriers le pousse bientôt à quitter ce poste, il se dirige alors vers Aden. Il devient gérant d’un comptoir commercial, employé par la Compagnie des frères Bardey, d’abord à Aden, puis au Yémen et en Éthiopie, à Harar.

À partir de 1884, déçu de ne pas voir évoluer sa situation et les affaires devenant moins favorables, il rêve à nouveau d’autres horizons (Zanzibar, Panama…), Rimbaud démissionne (1886) et se lance dans la vente d’armes au roi Ménelik, Négus du Choa, avec l’aval du consul de France. Fin novembre, il débarque à Tadjourah, mais l’aventure, autant incertaine qu’épuisante, se solde par une nouvelle déception. Rimbaud revient finalement à Aden et entreprend ce qui sera son dernier séjour au Harar. Il devient alors cogérant d’un commerce, qu’il exploite de 1888 à 1890.

En 1891, son état de santé s’aggrave, de vives douleurs à la jambe l’obligent à se faire rapatrier en France. Les médecins qui l’examinent à Marseille diagnostiquent une tumeur osseuse qui rend nécessaire une amputation de la jambe droite. Après un bref passage à Charleville-Mézières, Arthur Rimbaud insiste pour repartir malgré une santé précaire ; sa sœur Isabelle l’accompagne jusqu’à Marseille, mais l’amputation s’avère insuffisante, Rimbaud est de nouveau hospitalisé à Marseille en novembre 1891, où il s’éteint à l’âge de 37 ans.