Raoul Dufy

Mémoire d'encres - Documents signés de Raoul DUFY (1877-1953), peintre, illustrateur, graveur et décorateur

Dessinateur, peintre, céramiste et créateur de tissus, Raoul Dufy est né en 1877 au Havre et meurt à Forcalquier en 1953. Il exerce ses talents dans de multiples domaines : peinture, gravure ou arts décoratifs, comme dans la création de tissus pour des couturiers majeurs des Années Folles. Il s’est intéressé à de nombreux styles artistiques (impressionnisme, fauvisme, cubisme), avant de définir un style plus personnel après 1915. Raoul Dufy a produit une œuvre abondante, soit deux mille peintures, quatre mille aquarelles, de nombreux dessins, gravures, illustrations, céramiques, etc.

Il est l’ainé d’une famille modeste et doit interrompre ses études à l’âge de quatorze ans pour travailler comme comptable chez un importateur de café du Havre. Il suit en parallèle les cours du soir de Charles Lhuillier, à l’École municipale des Beaux-Arts du Havre, où il rencontre Othon Friez et Georges Braque. Dès 1895, Dufy réalise des aquarelles sous l’influence artistique des impressionnistes et notamment celle d’Eugène Boudin (La Plage de Sainte-Adresse).

En 1900, il intègre l’École des beaux-arts de Paris, où il retrouve son ami Othon Friesz et participe l’année suivante au Salon des artistes français ; il expose également ses œuvres à la galerie de Berthe Weil à Montmartre. Après le Salon d’automne de 1905, il se tourne vers le fauvisme, inspiré par Henri Matisse et André Derain (Vieilles maisons sur le bassin de Honfleur, La Rue pavoisée).

En 1908, Dufy découvre Marseille et l’Estaque, il abandonne le fauvisme et s’intéresse au cubisme de Georges Braque et Paul Cezanne (Arbres à L’Estaque, La Grande Baigneuse). Il développe aussi son talent pour la gravure sur bois et illustre Le Bestiaire de Guillaume Apollinaire (1907).

En 1910, après sa rencontre avec le styliste Paul Poiret, il se lance dans la création de motifs pour les tissus de mode et de décoration. Dufy fonde avec lui l’atelier « La Petite Usine », où il réalise ses premiers tissus imprimés en transposant les motifs de ses gravures. Il signe en 1912 un contrat avec la firme de soieries lyonnaise, Bianchini-Férier, fabricant de tissus de luxe destinés à l’ameublement et à l’habillement féminin. Raoul Dufy en sera le directeur artistique jusqu’en 1928 et concevra près de 4000 projets, stylisant son iconographie à partir de thèmes floraux, d’imageries orientales et exotiques alors en vogue, autour d’éléphants, tigres, panthères et oiseaux des îles.

Pour ce qui est des grands décors muraux, Dufy crée, entre autres, les panneaux de la villa « L’Altana » du banquier Weissweiller à Antibes (1929), le décor de la salle à manger du docteur Paul Viard (1933), avant de réaliser pour l’Exposition de 1937, en collaboration avec son frère Jean Dufy, l’immense fresque de 250 panneaux, La Fée Électricité. Suivront le panorama La Seine, de Paris à la mer, dans le bar-fumoir du théâtre de Chaillot (1938), les grands triptyques de la singerie du jardin des Plantes (1939) et des décors pour le Théâtre-Français.

En 1949, Raoul Dufy illustre Les Nourritures terrestres d’André Gide, puis l’année suivante L’Herbier de Colette.