Mémoire d'encres - Documents signés de Jean LORRAIN (1855-1906), poète, écrivain et chroniqueur
Poète du mouvement parnassien, écrivain et chroniqueur, Paul Alexandre Martin Duval, dit Jean Lorrain, est né à Fécamp en 1855 et décède à Paris en 1906. Il est un des écrivains scandaleux de la Belle Époque. À la fois critique d’art et reporter de la vie parisienne, il dépeint ses contemporains d’une plume caustique. Ses œuvres littéraires les plus remarquées sont Monsieur de Phocas et Monsieur de Bougrelon.
En 1876, Jean Lorrain commence des études de droit à Paris, qu’il abandonne en 1878 pour la fréquentation des salles de rédaction et les cafés, il mène une vie de bohème. Il devient un familier du Chat noir et côtoie notamment Rodolphe Salis, les Hydropathes et les Zutistes, Jean Moréas, Maurice Rollinat et Jean Richepin.
En 1882, il publie à compte d’auteur son premier recueil de poèmes, Le Sang des dieux, puis, l’année suivante, un recueil de poésies, La Forêt bleue ; il fréquente les salons où il croise Jules Barbey d’Aurevilly, Joris-Karl Huysmans, François Coppée, Léon Bloy, Laurent Tailhade…
En 1884, il publie ses premiers écrits dans des revues : la Vie moderne, la Revue indépendante, Lutèce, la Revue normande, l’Art et la Mode et écrit dans le Courrier français une série de portraits élogieux et irrévérencieux dont un sur Rachilde, avec qui il se lie un temps d’amitié.
En 1887, Jean Lorrain publie son recueil Les Griseries ; son recueil de nouvelles Sonyeuse lui apporte un premier succès de librairie en 1893.
À partir d’octobre 1895, il collabore au Journal, où il publie ses « Pall-Mall Semaine » ; ses chroniques lui valent quelques amitiés mais surtout de nombreuses inimitiés : s’il loue les œuvres de Gustave Moreau, Odilon Redon, Sade, Edgar Poe ou Baudelaire, il est détesté par ceux qu’il prend pour cibles : Émile Zola, Guy de Maupassant, Octave Mirbeau, Robert de Montesquiou, le jeune Proust.
En 1897, la critique salue son roman Monsieur de Bougrelon comme un chef-d’œuvre. La même année il publie son recueil L’Ombre ardente et se bat en duel avec Marcel Proust après une critique virulente des Plaisirs et les Jours. En 1900, Jean Lorrain s’installe sur la côte d’Azur et, en 1901, publie Histoires de masques, puis son œuvre maîtresse : Monsieur de Phocas.
Sa santé se dégrade sous l’effet des drogues et de la syphilis. Dans Les Contes d’un buveur d’éther (1895), il témoigne de ses abus, de sa recherche de l’excitation physique et de son goût pour les paradis artificiels.