Mémoire d'encres - Documents signés de Joë BOUSQUET (1897-1950), poète et écrivain
Poète et écrivain, Joë Bousquet naît à Narbonne en 1897 et meurt à Carcassonne en 1950. Suite à une blessure de guerre, il reste paralysé et passera sa vie dans une chambre aux volets clos, où se croiseront de nombreux artistes. Une grande partie de ses œuvres a été publiée à titre posthume : Mystique, Traduit du silence ou Lettres à Poisson d’Or.
Au début de la première guerre mondiale, son père médecin, est nommé dans la région parisienne avant de revenir en 1915 à Narbonne. Joë Bousquet mène alors une vie agitée et s’initie à la drogue, morphine, puis cocaïne et enfin l’opium qui l’accompagnera jusqu’à sa mort.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate Bousquet a dix-sept ans. Jeune dandy aventureux et rebelle, il devance l’appel et part pour le front, où il devient en quelques mois l’officier le plus décoré de son régiment. Son existence bascule en 1918, lorsqu’une balle allemande lui sectionne la moelle épinière et le prive définitivement de l’usage de ses jambes.
Alité dans sa chambre de Carcassonne, aux volets constamment clos, il compose toute son œuvre dans cet espace devenu un « salon culturel », dans lequel défilent de nombreux artistes et écrivains : René Nelli, Gala et Paul Éluard, Max Ernst, André Breton, Louis Aragon et Elsa Triolet, Simone Weil, André Gide, Julien Benda, Gaston Gallimard, Jean Paulhan, Carlos Suarès, Paul Valéry, Henry de Monfreid, René Magritte, Jean Dubuffet, Hans Bellmer, etc. Cette chambre deviendra un musée : La Maison des Mémoires ; conservée en l’état, elle abrite une exposition permanente, ainsi que le Centre Joë Bousquet et son temps qui organise des manifestations autour de l’œuvre du poète.
En 1939, la chambre de Bousquet devient un point de ralliement pour des écrivains réfugiés dans la zone sud, notamment, le groupe de la N.R.F. En 1943, Il publie un numéro spécial des Cahiers du Sud sur Le Génie d’Oc et L’homme méditerranéen, ouvertement opposé au régime nazi.
Tapi dans la douleur, Joë Bousquet entretient de nombreuses correspondances avec les peintres, les poètes, des femmes : Lettres à Carlo Suarès, Lettres à Ginette, Lettres à Magritte, Lettres à une jeune fille.
Dans cette chambre qu’il nomme l’oubliette aérienne, il s’entoure de toiles de Paul Klee, Max Ernst, Fautrier, Magritte, Tanguy… Il y rédige aussi son Journal intemporel, publié à titre posthume (Mystique, 1972) et un recueil de poèmes (Il ne fait pas assez noir, 1931). Ses poèmes en prose seront réunis et publiés par Jean Paulhan dans Traduit du silence en 1941.