Mémoire d'encres - Documents signés de Louise COLET (1810-1876), femme de lettres et salonnière
La femme de lettres, Louise Colet, pseudonyme de Louise Révoil, est née en 1810 à Aix-en-Provence et morte en 1876 à Paris. Elle connait un certain succès littéraire de son vivant, puis tombe dans l’oubli. Elle est l’auteur de nombreux écrits (poèmes, romans, pièces de théâtre, récits de voyage, articles de journaux), dont les deux romans, Un drame dans la rue de Rivoli et Une histoire de Soldat demeurent les plus connus. Elle est aussi salonnière et ses aventures de séductrice défraient la chronique ; au fil de ses relations amoureuses, elle croise Victor Cousin, Gustave Flaubert, Musset, Vigny, Champfleury, Villemain et … peut-être Victor Hugo.
En 1834, Louise Colet s’installe à Paris après son mariage avec le flûtiste Hippolyte Colet ; elle y publie le poème Monument de Molière, puis Les Fleurs du Midi, couronnée par le prix de l’Académie française (1836).
En 1839, sa liaison adultère avec Victor Cousin est révélée par Alphonse Karr, qu’elle agressera à l’aide d’un couteau de cuisine pour cette indiscrétion ; elle oppose à son œuvre intitulée Une piqûre de Cousin une Réponse aux Guêpes de M. Alphonse Karr.
En 1841, La Jeunesse de Mirabeau reçoit plusieurs prix littéraires dont le prix de l’Académie française. Elle fréquente alors régulièrement le salon de Madame Récamier dont elle publiera les Lettres de Benjamin Constant (1864) et commence à tenir son propre salon littéraire, 2 rue Bréda ; elle y accueille Victor Hugo, Alfred de Musset, Vigny, Leconte de Lisle et Baudelaire ainsi que nombre de peintres et politiciens en vue.
Commence ensuite sa liaison amoureuse avec Gustave Flaubert, qui n’a encore rien publié ; leur relation orageuse et intermittente se termine en 1855. Dès lors Flaubert n’aura de cesse de dénigrer son œuvre, alors qu’Hugo lui conservera son soutien. D’aucuns prétendent qu’elle aurait même pu être l’inspiratrice de Madame Bovary, quand d’autres penchent plutôt pour Madame Pradier, épouse du sculpteur James Pradier.
En 1844, elle publie une traduction des Œuvres choisies du philosophe Tommaso Campanella et adhérera aux thèses fouriéristes.
Après la mort de son mari (1851), Louise Colet vit de ses œuvres et ne se remarie pas. Son salon se déplace rue de Sèvres, puis rue Vaneau. Musset et Vigny sont toujours des habitués, ils y côtoient des politiques, des journalistes et des artistes : Eugène Delacroix, Jean-Léon Gérôme et James Pradier, mais aussi le cercle flaubertien (Maxime Du Camp, Louis Bouilhet), plus rarement Théophile Gautier, Alexandre Dumas et Charles Baudelaire.
En 1856, elle publie Une histoire de Soldat, qui est une transposition romanesque de sa relation avec Flaubert, Enfances célèbres, qui connaît un succès public, puis Un drame dans la rue de Rivoli (1857) et Lui (1858).
En 1869, elle assiste à l’inauguration du Canal de Suez et collabore au journal Le Siècle, dans lequel elle fait paraître un feuilleton, Les Pays lumineux, où elle revient sur sa liaison avec Flaubert.
En 1876, elle s’éteint à son domicile, rue des Écoles, dans le dénuement, oubliée et délaissée par ses anciens amis.